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Avoir Récupéré ne signifie pas être Régénéré !

  • Photo du rédacteur: xavierblanc
    xavierblanc
  • 20 juin 2022
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 juin


Vu les calendriers footballistiques ainsi que les intensités des matchs de plus en plus chargés et élevées, les pauses intersaison, ou inter-championnat, ne doivent plus être appréhendées par les joueurs comme des moments de récupération de leurs efforts, mais plus profondément de régénération de leur alacrité. Pour atteindre cet objectif, le mieux est d'éteindre la lumière de leur football en changeant d'atmosphère, d'ambiance, de couleur, d'odeur, de fond sonore, de température et d'environnement.


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Résumé audio de NotebookLM

L'idée est que le joueur puisse recouvrer toutes ses santés physique, nerveuse, sociale, émotionnelle et psychique. Cela n'est, cependant, pas chose aisée, puisqu'un corps en activité demande sa dose d'efforts. Mais cela se révèle nécessaire pour tenir l’enchaînement des saisons et des matchs. Dans les faits, il est rare que cette règle élémentaire de Gros Bon Sens soit respectée.


Selon le modèle de surcompensation de gestion des charges, la récupération est la phase temporelle lors de laquelle le corps reconstitue ses réserves énergétiques et s'adapte structurellement de manière aiguë et/ou chronique aux stimuli proposés par l'entraînement [1]. Ce modèle de surcompensation agrège plusieurs valeurs physiques dont les temps de récupération diffèrent. La fréquence cardiaque, le niveau de lactate ou encore la température corporelle retrouvent leurs valeurs normales ou habituelles en quelques minutes. Les fonctions cognitives et la consommation d'oxygène mettent des heures pour le faire alors que cela se compte en jours pour la reconstitution des réserves glycoliques, de la créatine kinase et la disparition des douleurs musculaires.


La régénération, quant à elle, va au-delà. C'est la « digestion positive » de toutes les charges de l'entraînement et de la compétition. Son critère d'évaluation est le niveau de fatigue des joueurs, que l’on évalue notamment par leur niveau hormonal. Elle est donc plus fondamentale que la récupération dans le sens où elle vise à retrouver, ou à reconstituer, son niveau optimal d’alacrité.


La différenciation entre régénération et récupération peut aussi être abordée par la notion de stress oxydatif, annonciateur de burn-in et de burn-out [2]. Si la récupération vise prioritairement à recouvrer son essence énergétique par absorption de macronutriments (lipides, glucides et protéines) et de la fatigue de l’entraînement et des matchs, et s’évalue par l’état de forme visible des joueurs, la régénération peut s’évaluer par l’état souterrain de fatigue en analysant le niveau de stress oxydatif des joueurs. En cas de fatigue profonde, cette évaluation peut révéler des carences en micronutriments (les minéraux et les oligoéléments comme le magnésium, le zinc, le sélénium… mais aussi les vitamines, A, K2, D, les acides gras Omega 3, les polyphénols flavonoïdes).


En cas de fatigue profonde, c’est-à-dire celle dont on n’arrive pas à s’en débarrasser dans les 2 jours après un match, les joueurs, pour y faire face, puisent dans leurs réserves en micronutriments (phase de burn-in), ce qui débouche à terme sur un burn-out. En d'autres termes, la situation où le corps se met, sans prévenir et en quelques minutes, en off, car lorsqu'il n'y a plus... hé bien... il n'y a plus. Avant d'arriver à ce stade d’épuisement fatidique, le corps indique généralement qu'il n’en peut plus en se mettant en pause par la blessure. Celle-ci n'arrive donc jamais par hasard. Pour favoriser et optimiser cette régénération absolument nécessaire, l'idée est alors de se REPOSER en cultivant le farniente ou la paresse physique.


Pour ne pas avoir peur de le faire, il est important de souligner qu'il suffit généralement d'une à deux semaines de réentraînement pour que les joueurs retrouvent tous leurs niveaux antérieurs d'endurance, de force et de vitesse après un arrêt total de 4 à 5 semaines d'activités physiques. Si ce n'est pas le cas, alors cela signifie probablement que les joueurs ne se sont pas assez régénérés, et non pas qu'ils ne se sont pas assez entretenus pendant leurs « vacances ». Il est à noter ici que mes propos n’encouragent pas des régénérations festives, même s’il faut bien que « jeunesse se fasse… et que vieillesse trépasse».


Un exemple concret illustrant cette idée est la victoire du Danemark à l'Euro 1992. Malgré une préparation « tronquée » de seulement 10 jours, les joueurs danois ont réussi à remporter le tournoi. Cela suggère qu'ils étaient probablement plus régénérés que les joueurs des autres équipes, qui avaient quant à eux juste récupérés de leur saison.


En fin de compte, il est essentiel de trouver un équilibre entre le repos nécessaire pour la régénération des joueurs et l'entretien de leur condition physique. Je propose simplement de garder à l’esprit que s’entraîner durement pendant les périodes de régénération peut en fait avoir des effets contraires à ceux recherchés, compromettant ainsi la performance à long terme.


Comme on ne peut pas empêcher ces préparations individuelles provenant de la volonté du joueur de progresser, ou plus précisément de gagner sa place ou une autre place ailleurs, la solution est d'établir un projet joueur de long terme qui inclut une collaboration entre les staffs d’équipes et personnels. 


En conclusion et pour résumer cette discussion, le diction « L'heure, c'est l'heure, avant l'heure, c'est pas l'heure, après l'heure, c'est plus l'heure » me vient à l'esprit. Il souligne l'importance de respecter les phases et les temps d'activité, de récupération et de régénération afin de rester en santé alacrite. Aux joueurs de s'entraîner lorsqu'il est le temps de s'entraîner et de se reposer lorsqu'il est temps de se reposer !

 

[1] A lire, si nécessaire, les chapitres Nutrition, Sommeil et Hydratation in Améliorer sa récupération en sport, collectif sous la direction de Christophe Hausswirth, Xavier Bigard et Véronique Rousseau, INSEP-Editions, 2013.

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Stress_oxydant Page consultée le 03.10.2022. Louise Weible, Mesure du stress oxydatif dans une population de sportif d’élite, Mémoire de maitrise en médecine, Université de Lausanne, 2017.

 
 
 

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