L'interdépendance systémique des vitesses cognitive et neuro-musculaire
- xavierblanc

- 24 mai 2022
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 sept.

Lorsque je discute de la vitesse dans le football avec des entraîneurs, leur première réaction est souvent de mettre en avant l'importance de la vitesse cognitive dans ce sport. En effet, selon eux, ce sont les capacités cognitives qui font d'abord la différence sur le terrain. En d'autres termes, avoir une bonne et rapide lecture du jeu, une analyse adéquate de la situation et une réponse gestuelle adaptée sont des compétences cruciales qui distinguent les bons joueurs des autres. Je suis entièrement d'accord avec cette affirmation, car un joueur qui manque de cognition ressemble à un poulet sans tête, agissant de manière désordonnée et chaotique sur le terrain.

Mais si je respecte l'avis de ces entraîneurs sur un domaine qui leur appartient en priorité, je leur fais remarquer d’une part que le traitement cognitif est principalement d’ordre inconscient [1] et, d’autre part, que la vitesse cognitive n'est rien sans la vitesse neuromusculaire. Ils argumentent que ce qui a toujours fait la différence dans le football, c'est le talent technico-tactique des joueurs, à l'image de Platini ou Guardiola, des joueurs qui « voyaient (et non pensaient) avant ». Toutefois, je remets en question cette affirmation aujourd'hui. Malgré sa vision du jeu, je soutiens, même au risque de passer pour un hérétique, que le Platini de 1984 n'aurait tout simplement pas sa place dans une équipe actuelle de la Ligue des champions. Même le plus grand des talents doit être physiquement au niveau pour répondre à la vitesse croissante de l'animation du jeu ou simplement être en mesure de récupérer suffisamment vite pour être apte pour le match suivant. Cela dit, je considère que le débat sur la primauté entre la vitesse cognitive et la vitesse neuromusculaire est un faux débat. En réalité, aujourd'hui, ces deux types de vitesse doivent interagir positivement pour être performants, car l'un ne va pas sans l'autre, et vice versa, selon une approche systémique.
Cette approche systémique a l’intérêt de résoudre définitivement la question de savoir s'il faut privilégier l'amélioration des forces des joueurs ou la limitation de leurs faiblesses. En effet, renforcer une force peut potentiellement renforcer une faiblesse, tout comme résoudre une faiblesse peut affaiblir une force. Ainsi, plutôt que de se concentrer exclusivement sur l'amélioration des points forts ou la correction des points faibles, il est préférable d'adopter une approche d’entraînement systémique qui vise à équilibrer et à optimiser l'ensemble des capacités des joueurs. Cela implique de renforcer les forces tout en éliminant les faiblesses et, par là, d’accroître simultanément dans un cercle vertueux de progression toutes les composantes physiques du joueur.
[1] Ecouter à ce propos, le podcast de France Inter du 2 février 2021, Notre quotidien décrypté par les neurosciences, interview de la neuropsychologue Sylvie Chokron.





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