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L’évolution de la vitesse footballistique : une intermittence saccadée

  • Photo du rédacteur: xavierblanc
    xavierblanc
  • 16 oct. 2024
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 mai

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Le football, reconnu comme un sport intermittent depuis le début des années 2000, tend de plus en plus vers un profil d’efforts saccadés. Cette spécification rythmique de l’intermittence illustre une transformation profonde dans la manière dont le jeu est pratiqué, analysé et appréhendé. Elle est aussi le résultat des innovations tactiques qui influencent le football.


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L’intermittence : l’ADN du football

L’intermittence désigne l’alternance rythmique entre des phases d’intensité élevée - comme les accélérations, les courses décisives et les actions offensives - et des moments plus calmes, où le ballon circule plus lentement, permettant aux joueurs de se (re)positionner et de récupérer. Cette alternance fait partie intégrante du jeu, permettant aux joueurs de maintenir leur niveau d’exécution tout au long du match.


Elle reflète également l'imprévisibilité du football. Contrairement à d'autres sports plus rigides tactiquement, comme le basket-ball, le football laisse place à une spontanéité où chaque action peut émerger d’une récupération imprévue ou d'un coup de génie individuel.


La saccade comme nouvelle norme de l’intermittence

Récemment, le rythme de l’intermittence a évolué vers une dynamique plus saccadée. Ce terme décrit des mouvements brusques, soudains et répétés. Sur le terrain, cela se traduit par une amplification des changements de vitesse, une plus grande réactivité musculaire et une multiplication des séquences à intensité maximale. Ces évolutions mettent en valeur des joueurs capables de moduler la vitesse du jeu, soit d’accélérer ou de ralentir ce jeu en moments forts et faibles selon les besoins de l’équipe. Cette compétence tactique de modulation des efforts est rendue nécessaire puisqu’il est très difficile pour une équipe de maintenir des temps forts plus de 20mn à 25mn.


Cette intensification par saccades est poussée par des tactiques comme le contre-pressing, qui exige une réaction immédiate après la perte du ballon. Le contrôle du jeu n’est plus uniquement lié à la possession du ballon, mais à la capacité à exploiter les espaces et à frapper rapidement, comme le montrent les contre-attaques rapides des équipes jouant bas. Les équipes cherchent ainsi à exploiter les failles adverses en prenant de vitesse par des séquences coup de boutoir très intenses, rompant avec un jeu monocorde et prévisible.


L’impact de la préparation physique

Les progrès en matière de préparation physique ont également contribué à cette évolution. Aujourd’hui, les joueurs sont capables de maintenir des niveaux d’intensité plus élevés grâce à des entraînements basés sur l’endurance intermittente (VMA) ou des développements bien compris des facultés de récupération par les développements intégrés ou spécifiques de la capacité et de la puissance aérobiques. Toutefois, cette option stratégique de la préparation physique footballistique ne stimule pas suffisamment intensément les fibres rapides des joueurs pour améliorer leur vitesse maximale footballistique, alors qu’elle est essentielle pour faire face à l’évolution physico-tactique du football.


Les enjeux physiques pour les joueurs

Cette nouvelle forme d’intensité du jeu pose des défis supplémentaires aux joueurs et aux équipes. La répétition d’efforts maximaux nécessite une gestion précise des effectifs et des temps de jeu. Elle demande aussi de paramétrer les temps de récupération sur les systèmes métaboliques, mais aussi neuromusculaires. Sans un entraînement adéquat, axé sur la vitesse, les risques de blessures augmentent, en particulier pour les muscles sollicités lors des sprints ou des changements de direction rapides. Pour assumer ce nouveau type de charge physique, je propose d’entraîner physiquement les timings d’efforts en les couplant avec la prise d’espace.


Le rôle des timings d'effort pour améliorer sa prise d’espace

Une prise d'espace de qualité est une compétence fondamentale pour tout joueur de football. Elle permet de prendre l’espace de jeu en respectant le tempo d'animation de ce dernier, en se démarquant de l'adversaire, en créant des opportunités de jeu et en se positionnant de manière optimale pour recevoir le ballon. Elle bonifie la technique de la maitrise du ballon sous pression puisque des prises d’espaces performantes permettent de bénéficier du temps nécessaire pour bien exécuter la gestuelle technique. L'entraînement physique des timings d'effort de prise d’espace est donc un moyen pertinent pour qu’un joueur devienne au besoin « plus saccadé » sur le terrain.


Qu'est-ce que le timing physique d'effort ?

Le timing physique d'effort, c'est l'art de mobiliser et de doser son énergie musculaire pour l'appliquer au bon moment, au bon endroit et à la bonne vitesse à la situation footballistique. Il s'agit, avec ou sans ballon, d'accélérer, de ralentir, de changer de direction ou de sauter au moment opportun pour faire déjouer l'adversaire et/ou se créer l'espace de jeu voulu. Un timing parfait permet de surprendre l'adversaire, de gagner un duel ou de se retrouver en position de frappe. Il est entendu que si les joueurs savent anticiper les actions de l'adversaire et à ajuster leurs efforts en conséquence, ils prennent des décisions plus rapides et efficaces. Cette qualité cognitive, qui conditionne en grande partie la qualité de la réactivité de la prise d’espace, s’entraîne pour moi lors et par les exercices d’entraînements technico-tactiques. Pour son volet physique, un timing d’effort de la prise d’espace s’améliore par les entraînements de la coordination, de la vitesse maximale, de la mobilisation performante de l’énergie musculaire et en maintenant le niveau d’alacrité des joueurs.


L’entraînement de la coordination

Plus un joueur sera fluide, moins il rencontrera de problèmes fonctionnels pour exécuter la gestuelle footballistique qu’il désire au moment qu’il choisit ou qu’il est contraint d’effectuer. Cette fluidité s’obtient par l’amélioration de sa coordination par harmonisation corporelle et optimisation technique de sa gestuelle footballistique.


L’harmonisation corporelle vise à limiter les déséquilibres musculaires et à donner la liberté articulo-musculaire suffisante afin que le joueur ne soit pas limité dans ses mouvements par des choix conscients, ou inconscients, contraints corporellement et souvent malvenus, c’est-à-dire qui brouillent la qualité de la gestuelle footballistique et même l’empêchent. Cette harmonisation est obtenue in vivo par les entraînements de la mobilité ainsi que les optimisations techniques des déplacements cycliques et acycliques. Le but est d’améliorer le synergisme intermusculaire des joueurs en généralisant leur coordination fine.


L’entraînement de sa vitesse maximale 

Alors que le football est devenu un sport de vitesse, ses acteurs n’entraînent pas suffisamment et/ou pas assez spécifiquement cette qualité physique selon le principe qu’une qualité physique s’améliore d’abord par elle-même. De plus, j’entraîne cette vitesse maximale :

- selon le principe fondamental que la production de la vitesse maximale consiste d’abord à se décontracter musculairement pour mieux se contracter par la suite

- en aiguisant la qualité des capteurs sensoriels par entraînement proprioceptif, puisque plus ces capteurs seront perceptifs, plus le joueur pourra affiner sensoriellement sa gestuelle footballistique

- en promouvant une mentalité vitesse, c’est-à-dire en faisant comprendre, et par là accepter, qu’une production performante de la vitesse est du domaine du facile. Cela exclut une production première de la vitesse maximale par la force qui force les mouvements en les crispant. Pour obtenir cette facilité, le joueur doit faire le grand effort de préparer physiquement son corps pour assumer sans peine cette charge motrice. Ceci afin qu’il ne mentalise plus sa production de sa vitesse maximale par contrôle moteur, au même titre qu’il ne demande pas à son corps de respirer, ce qui inhibe sa spontanéité et son instinct de jeu.


Une mobilisation performante de son énergie musculaire

Je l’ai écrit, la mobilisation réactive de l'énergie musculaire passe par une anticipation et une compréhension du jeu. Outre cet aspect cognitif, j’entraîne la qualité de la mobilisation de l’énergie musculaire :

-  en demandant d’accompagner les débuts des moments d’efforts par des expirations profondes et brèves à l’image des lanceurs qui accompagnent leur jet par de puissants cris gutturaux. Les exercices de musculation, plus particulièrement ceux en stato-dynamiques, s’y prêtent particulièrement bien

- par une haute et systématique activation des 3 premiers appuis quel que soit leur intensité dans l'idée d’autonomiser la prise active des espaces

- par des jeux de variation de déplacements cycliques qui améliorent la rapidité et la fonctionnalité des changements de rythme par modulation des vitesses en séquences vite-lent-vite ainsi que par la variation des fréquences et des amplitudes de foulée

- en cherchant à ce que les joueurs puissent maitriser leur énergie cinétique par un renforcement corporel en X


La préservation de l’alacrité

Un joueur fatigué perd par définition en lucidité, en coordination réactive et ne bénéficie pas d’une récupération inter-effort complète. Cela rend plus difficile la mobilisation de son énergie musculaire parce que d’une part il n’en a plus et, d’autre part, il n’a pas la fraîcheur neuromusculaire pour le faire. L’idée est donc de préserver l’alacrité du joueur :

- en appliquant une gestion des charges modulée par le principe de la surcompensation modérée constante

- en préparant le joueur à aborder et à gérer les enjeux et la pression du football de compétition avec recul pour gagner en sérénité

-  en incitant le joueur à prendre soin de ses santés physique, mentale, affective et sociale

 

 

 
 
 

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