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La planification de la préparation physique footballistique !

  • Photo du rédacteur: xavierblanc
    xavierblanc
  • 1 juin 2023
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 mai

Comme le dit le proverbe africain, « Pour gravir la montagne, il faut commencer par le bas ». Cette maxime, bien que basique, est d'une importance capitale en matière de préparation physique footballistique. Elle souligne l'importance de définir un chemin de progression par fixation d’objectifs à atteindre qui tiennent compte de la maturation du joueur.


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Ces objectifs peuvent concerner sa carrière, la saison en cours, une séance d'entraînement spécifique, voire un exercice particulier. Pour coordonner l'ensemble, on utilise l'outil de la planification sur la base du critère d’efficacité que l’on a vu précédemment. Bien que largement utilisé et compris de manière intuitive, je propose d’évoquer les fondamentaux de la planification pour en avoir une lecture et une réflexion communes. À cet égard, je fais appel au savoir-faire de Georges Cazorla qui est une source d'inspiration et de formation pour de nombreux préparateurs physiques.


Pour Cazorla, l’organisation de l’entraînement se subdivise en planification, programmation et périodisation [1] soit des concepts qu’il convient de définir et de remettre dans l’ordre. Sur la base du dictionnaire Larousse, Cazorla définit la planification comme une «science qui a pour objet l’établissement de programmes comportant non seulement l’indication des objectifs à atteindre, mais également un état prévisionnel des diverses étapes des progrès à accomplir et de la réalisation du programme, et, éventuellement, la description de la structure des organismes à créer en vue de cette réalisation ». La planification « englobe non seulement la programmation (« établissement de programmes ») et les objectifs et étapes qui lui sont associés, mais envisage aussi l’organisation générale de toutes les conditions environnementales dans lesquelles devra se dérouler l’entraînement.»


Ses étapes et ses conditions de mise en œuvre sont de:

- déterminer avec le sportif les objectifs à long, moyen et court terme de façon à clairement savoir où aller et pouvoir déterminer comment y aller;

- connaître les exigences de la performance et identifier les capacités requises à développer;

- établir une planification à long terme sur laquelle se fonderont les grandes orientations prioritaires, les programmes annuels, les périodes les mieux ajustées, voire les contenus d’entraînement;

- mettre en place un système d’accompagnement médical, psychologique, social, matériel et de préparation mentale, intégré au processus d’entraînement;

- choisir et/ou créer les mesures et les tests les mieux adaptés pour évaluer les capacités ainsi mises en évidence, en respectant les conditions méthodologiques sur lesquelles doivent reposer leur création ou leur choix;

- convenir d’une fréquence pour leur passation tant pour le contrôle que pour le suivi de l’entraînement;

- traiter et interpréter les résultats afin qu’entraîneur et sportif les comparent à ceux obtenus aux évaluations précédentes, comprennent les éventuelles modifications obtenues et ainsi décident soit de poursuivre, soit de réajuster de façon personnelle les contenus envisagés ;

- choisir et/ou adapter des méthodes d’entraînement correspondant aux priorités et aux exigences de la performance;

- mettre en place des stages de formation continue permettant aux entraîneurs concernés et aux sportifs les plus autonomes d’actualiser ou de réactualiser leurs connaissances et leurs compétences;

- sur la base des résultats des tests et des performances intermédiaires et en fonction de l’atteinte ou non des objectifs initialement fixés, analyser, poursuivre ou réajuster le système de planification mis en place;

- faire au moins un bilan annuel sur la qualité des conditions matérielles.

 

Pour sa part, la programmation «est l’opération qui, dans le cadre d’une planification préalablement définie, consiste à élaborer un plan détaillé de contenus d’entraînements au cours d’une saison sportive». Ces contenus comprennent «un ensemble d’instructions nécessaires à l’exécution d’une suite logique d’opérations adaptées au rythme d’acquisition du sportif, et ce, dans le but d’obtenir le développement des capacités requises par la performance visée». Plus précisément et sur l’expérience terrain, ces contenus correspondent à chacune des lettres de l’acronyme mnémotechnique F.A.I.T.P.A.S.

- Le F pour fréquence, qui peut correspondre de façon unique ou combinée à un nombre :

·         de répétitions d’exercices au sein d’une série

·         de séries au sein d’une séquence

·         de séquences au sein d’une séance

·         de séances d’entraînement au sein d’un microcycle ;

- Le A pour assiduité, qui souligne le temps nécessaire pour acquérir et développer une capacité et la rapidité de la perte de cette dernière ;

- Le I pour intensité, qui se rapporte à la charge du modèle de surcompensation ;

- Le T pour durée ou temps à consacrer, qui est déterminé par l’intensité que l’on met à l’exercice ;

- Le P pour progressivité ou, selon Cazorla, l'idée que pour obtenir une adaptation positive, le volume doit précéder l’intensité tout comme le général doit précéder le spécifique ;

- Le A pour alternance de l’exercice et de la récupération qui vise à chercher la juste stimulation pour ne pas être dans le sous-entraînement ou le surentraînement ;

- Le S pour spécificité, à savoir que « l’entraînement doit permettre une sollicitation sélective des métabolismes entrant en jeu dans l’activité pratiquée », car, pour progresser, « un système ne se développe efficacement que s’il est sollicité au maximum de sa puissance et de son endurance».

 

Cazorla cite Péronnet [2] pour caractériser ce qu’il entend par la périodisation, soit « une alternance entre des périodes de travail intense et des périodes de repos ou de travail moins intense qui forment des ondulations sur une durée d’un jour, d’une semaine, d’un mois ou d’une année ». Cette périodisation est nécessaire puisque la nature fait qu’il nous est impossible de maintenir indéfiniment une performance maximale et exige une programmation périodisée de l’entraînement. Cette alternance de travail et de repos prend les formes suivantes :

·         Les minicycles qui concernent les exercices d’une séance ;

·         Les cycles de séance qui sont l’agencement des thématiques des séances ;

·         Les cycles journaliers ou plusieurs séances d’entraînement dans une journée ;

·         Les microcycles constitués des séances dans une semaine ;

·         Les mésocycles qui sont l’addition de plusieurs microcycles ;

·         Les macrocycles ou les plans annuels et bi-annuels d’entraînement ;

·         Les mégacycles qui comprennent quatre macrocycles et visent par exemple à préparer des Jeux olympiques ;

·         Les gigacycles qui sont une planification de carrière.

 

Dans ce cadre, Cazorla poursuit sa présentation en s’attachant à définir ce qu’il entend par un cycle annuel d’entraînement. Ce cycle est constitué par quatre grandes périodes, soit « l’intersaison, la période préparatoire dont une partie incluse dans l’intersaison devra être gérée par le sportif lui-même, la période de reprise collective de l’entraînement qui précède la période principale de compétitions en amont de laquelle nous pouvons aussi intégrer la mini-période d’affûtage».

- L’intersaison est de l’ordre d'un mois ou plus. Après deux semaines de repos complet, Cazorla préconise une reprise individuelle de l’activité afin de faciliter la reprise officielle de l’entraînement et ne pas trop perdre son niveau physique.

- La reprise de l’entraînement, qui comprend trois phases :

·     Une phase de préparation physique générale (PPG) qui vise à mettre au niveau physique les joueurs afin qu’ils supportent les charges des phases ultérieures

·     Une phase de « développement technique ou technico-tactique qui sera systématiquement recherchée en interaction avec une forte augmentation des charges physiques et physiologiques, cela dans le but de provoquer chez le sportif un plus haut niveau d’adaptation. Le début du développement progressif de la puissance aérobie maximale, de la force et de la puissance maximale doit être envisagé au cours de cette phase. »

·     Une phase « de consolidation et de développement des niveaux requis en ce qui concerne la vitesse, l’endurance de la vitesse, de la puissance musculaire et de l’endurance de la force spécifique, c’est ce qui est appelée la phase de préparation physique spécifique ou (PPS) ».

- La période de compétition qui se subdivise en phases de compétition :

·     « comprenant surtout des entraînements spécifiques réalisés en maintenant des séances de musculation spécifiques et de fortes charges aérobies et anaérobies, entrecoupées par des périodes contrôlées de récupération » ;

·     « dans laquelle le volume de travail doit être fortement réduit au profit de la récupération et de la qualité de l’entraînement qui devra mettre l’accent sur la vitesse, l’endurance de la vitesse et la puissance dans la réalisation de toute la gestuelle spécifique technique ou technico-tactique (c’est ce que nous pouvons appeler la phase d’affûtage) ».

Cazorla poursuit son propos en présentant l’outil du microcycle qui s’étale sur quatre à quatorze jours, mais que l’on réduit par convenance, ou rythme social, aux sept jours de la semaine. Chaque microcycle vise à améliorer une capacité en particulier. En général, cela nécessite plusieurs microcycles, ce qui constituent des mésocycles. Ce sont les évaluations des progrès réalisés lors de la fin d’un mésocycle qui donnent le signal du passage à un mésocycle suivant.


[1] Georges Cazorla, Planification, Programmation et périodisation de l’entraînement, Editions Association pour la Recherche et l’Evaluation en activité physique et en sport, Cellule Recherche Fédération française de football, 2005. Ceci afin d'éviter des définitions différentes à l'exemple de Jean-Christophe Hourcade qui définit ainsi «… la planification comme l’ensemble des programmes d’entraînement d’une saison, voire de plusieurs lorsque l’on s’adresse à des jeunes joueurs en formation. La périodisation se concentre sur plusieurs semaines alors que la programmation ne concerne que l’organisation des séances d’une semaine », dans sa thèse Quantification de la charge d’entraînement pour les exercices spécifiques en football, Université Paris Descartes, 2017, p. 40.

[2] François Peronnet, Modèles de la périodisation de l'entraînement, Troisième colloque international de la Guadeloupe, (Eds) ACTSHNG et AREAPS. 1994, pp. 209-226.

 

 
 
 

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