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L'efficacité de son entraînement physique footballistique !

  • Photo du rédacteur: xavierblanc
    xavierblanc
  • 20 oct. 2023
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 mai


Pour qu’un entraînement soit performant, il doit être efficace. Autrement dit, répondre à tout instant et en tout lieu positivement à la question, est-ce que les joueurs suivent le chemin qui va leur permettre d'atteindre les objectifs d’équipe et individuel fixés ? Répondre ici à cette question revient d'abord à identifier l’objectif cardinal de son concept de la préparation physique footballistique. Pour ensuite, grâce à cette boussole, savoir à tout moment où les joueurs se situent sur le chemin construit par balisage d'objectifs intermédiaires.


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Résumé audio de NotebookLM

Il y a peu, un joueur pouvait performer en optimisant une de ses qualités physiques telle que la vitesse ou l'endurance. Ce temps est révolu vu les intensités grandissantes de l'animation du jeu. Un joueur doit tout-à-la fois être vite, endurant et fort. Étant donné que c'est lors de moments de jeu d'une très haute intensité que se font la plupart du temps les différences collectives et individuelles, mon idée est que les qualités d'endurance et de force se combinent pour renforcer les modalités d'expression de la qualité de la vitesse footballistique. Ce choix stratégique, demandé par la nature complexe du football [1], m’appartient et, à ce titre, est discutable.


Considérer que le football est un sport de vitesse n'est pas encore assez précis. Cette vitesse doit être maximale dans la mesure où plus elle est élevée, plus le joueur est capable, selon le principe « qui peut le plus, peut le moins », de varier la vitesse de ses mouvements pour s’adapter aux timings du jeu. Comme la configuration de cette vitesse footballistique est intermittente, ou par à-coups, le joueur doit être en mesure de la réitérer tout au long d'un match. Les captations des efforts de match [2] nous informent que les distances moyennes parcourues par joueur en vitesse maximale sont de 20m pour un total de 400m selon une réitération intensive maximale toutes les 45s. Ces observations m’ont conduit à définir L'OBJECTIF CARDINAL de mon entraînement physique footballistique [3] comme la capacité pour chaque joueur de réitérer 20 accélérations maximales de 20 mètres avec des pauses actives (léger footing) de 45s entre les répétitions. La décision d'activer ces pauses provient du fait que le jeu exige aujourd'hui que le joueur se replace le plus rapidement possible lorsqu’il est dans un moment de récupération.


Tout comme Rome ne s'est pas construite en un jour, un joueur n'atteint pas du jour au lendemain le sommet footballistique. Pour parvenir véritablement à maturité, c'est-à-dire bénéficier d'un socle de compétences lui permettant semaine après semaine de répéter des performances correspondant à son talent, il doit franchir, sans précipitation, des étapes mentales, techniques, tactiques et physiques. Ces étapes s'inscrivent cumulativement dans des temps longs, comme une carrière, moyens, comme deux ou trois saisons, ou courts, comme une préparation de saison. Elles doivent respecter les lois naturelles d'évolution, tels les biologiques pour le développement physique ou celles de la maturation cognitive pour la compréhension tactique. À défaut, le grand risque est de manquer une étape, ce qui a pour conséquence que le bagage du joueur ne soit pas complet. En bref, qu'une ou des qualités physiques manquent de substance pour que le joueur atteigne pleinement l'OBJECTIF CARDINAL fixé.


Pour s'en prémunir, le PPF segmente temporellement par l'outil de la planification son entraînement physique footballistique en thèmes d'entraînement incontournables. Cette segmentation est loin d'être facile. Elle illustre parfaitement le fait que souvent l'obstacle est le chemin, pour paraphraser Ryan Holiday [4]. Mais à son contraire, l'idée est de construire sur la réussite et non sur l'expérience de l'échec. Dans cette perspective, plus le chemin sera balisé, plus il sera simple à suivre. Son degré de balisage est fonction du talent du PPF. Plus il est capable d'identifier les causalités positives entre les effets des thèmes physiques d'entraînement et de les combiner sans interférences négatives, plus il est en mesure de baliser le chemin en objectifs intermédiaires. Cela concrétise ce que propose Georges Cazorla comme première tâche de la planification qui est de « déterminer avec le sportif les objectifs à long, moyen et court terme de façon à clairement savoir où aller et pouvoir déterminer comment y aller » [5]. Pour y aller, j’utilise l'acronyme managérial SMART (soit, si nécessaire, intelligent en anglais) afin de baliser dans le bon tempo, soit en fonction de leur âge biologique, le chemin physique footballistique.


Selon SMART, un OBJECTIF CARDINAL est d’autant plus atteignable si les objectifs intermédiaires qui balisent le chemin pour l’atteindre remplissent les conditions cumulatives suivantes :

- Spécifique, i.e. qu'il est personnalisé au joueur ou à l'équipe. Il doit être simple, clair, précis et facilement compréhensible. Par exemple, améliorer sa vitesse footballistique sur 20m, gagner en souplesse ou encore ne pas se blesser

- Mesurable, i.e. qu'on peut le quantifier qualitativement et quantitativement, comme gagner 5 dixièmes de seconde sur 20m et réitérer 15x20m avec 45s de pause active.

- Acceptable, i.e.  qu'il doit être suffisamment ambitieux pour être un défi motivant. Un objectif trop difficile ou trop facile à atteindre selon les capacités d'un joueur n’est par définition pas motivant.

- Réaliste, i.e. qu'il doit respecter le critère de la pertinence dont j’ai discuté par ailleurs et qui se traduit par adapté ou adéquat à la situation.

- Temporel, i.e. que le joueur doit pouvoir l'atteindre dans un laps de temps défini pour passer à la réalisation de l'objectif intermédiaire suivant. Il est à noter ici que l'atteinte d'un objectif peut déclencher la poursuite de plusieurs objectifs intermédiaires. L’ensemble forme une constellation d'objectifs intermédiaires que l'on peut représenter, toutes proportions gardées, par un diagramme de PERT. Je préfère ce diagramme à celui plus couramment utilisé, le diagramme de GANTT, car il met en évidence les interdépendances mutuelles entre les objectifs intermédiaires. Cette représentation convient donc mieux à la nature complexe du football. Cependant, le diagramme de GANTT a le grand avantage d’illustrer l'ordonnancement temporel des objectifs intermédiaires, à l'exemple de mon gigacyle de la préparation physique footballistique.


[1] Car selon Edgard Morin « Le problème de la complexité n’est pas de formuler des programmes que les esprits peuvent mettre dans leur ordinateur mental ; la complexité appelle la stratégie. Il n’y a que la stratégie pour s’avancer dans l’incertain et l’aléatoire. … La stratégie est l’art d’utiliser les informations qui surviennent dans l’action, de les intégrer, de formuler soudain des schémas d’action et d’être apte de rassembler le maximum de certitudes pour affronter l’incertain » cité par Jean-Louis Le Moigne, « La complexité appelle la stratégie ». Conférence dans « Sociétés interconnectées et interdépendantes : Réponses organisées et régulations spontanées face aux situations exceptionnelles », L’Ecole nationale des officiers de sapeurs-pompiers – en coopération avec l’IEP d’Aix-en-Provence, avril 2014.

[2] Collectif sous la direction d’Alexandre Dellal, De l’entraînement à la performance en football, Editions De Boeck, 2008, pp. 3-45.

[3] Par définition, on demande à l'entraînement physique footballistique d'atteindre des objectifs physiques. En ce qui me concerne, il a aussi pour objectif que les joueurs deviennent des experts d'eux-mêmes en comprenant comment ils fonctionnent physiquement. Ceci dans le but qu'ils deviennent autonomes dans le sens qu'ils savent ce qui est bon pour eux, c'est-à-dire qu'ils puissent gérer avantageusement les différentes interventions physiques auxquelles ils sont confrontées et qu'ils soient à même d'évaluer les compétences des PPFs qui s'occupent d'eux.

[4] Ryan Holiday, L'obstacle est le chemin, Edition Alisio, 2018.

[5] Georges Cazorla, Planification, Programmation et périodisation de l’entraînement, Editions Association pour la Recherche et l’Evaluation en activité physique et en sport, Cellule Recherche Fédération française de football, 2005.

 
 
 

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