Le concept d'entraînement du physique footballistique de Vitruve-Football
- xavierblanc

- 12 mai
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 sept.
La réalité du terrain et les tendances d’évolution technico-tactiques du jeu conduisent à constater que le football est devenu, objectivement et indubitablement, un sport de vitesse. Ces observations m’ont amené à adopter une option stratégique centrée sur la vitesse maximale pour entraîner physiquement les joueurs.

Il est important de noter que chaque option stratégique a le droit d'exister, car il n’y a pas de Vérité absolue en matière de préparation physique dans le football. Dans ce contexte, pour rendre une option stratégique visible, lisible et opérationnelle, elle doit être déclinée de manière cohérente, par la formalisation d’un concept d’entraînement physique spécifique au football.
En application du critère d’efficacité de la performativité d’un entraînement, j’ai défini l’OBJECTIF CARDINAL de mon entraînement physique footballistique par la capacité pour chaque joueur de réitérer 20x20m d’accélération maximale entrecoupée par des pauses actives de 45s en footing, soit à une vitesse de déplacement comprise entre 40% à 60% de leur vitesse maximale.

Pour atteindre cet OBJECTIF CARDINAL, qui fait office d’Etoile polaire en donnant la direction à suivre, j’ai d’abord défini thématiquement mon chemin d’intervention sur la base du développement biologique des joueurs. Ce chemin, c’est le gigacycle Vitruve-Football de l’entraînement physique footballistique. Il constitue un exemple temporel de fil rouge pour la formation physique, utile tant pour les clubs que pour les joueurs intéressés.

Certainement sur la base des écrits de Jürgen Weineck [1], l’Association suisse de football (ASF) représente en 2D le physique footballistique par une triangulation de qualités physiques que sont l’endurance, la force et la vitesse. Cette représentation indique ce qu’il convient de faire-faire pour obtenir un bon physique footballistique. On devine ici que l’idée de l’ASF est que les joueurs aient, en tant que généralistes, la capacité d’effectuer toute la panoplie des efforts footballistiques. Le problème de cette stratégie est qu’elle crée un plafond de verre de niveau de vitesse footballistique à cause de stimuli pas assez intensifs, spécifiques et systématiques.
Sûrement dans le souci, ou même la peur atavique, de ne pas tenir physiquement les matchs, et sachant que les plus grandes distances parcourues cumulativement en match sont à VMA, la doxa actuelle de l’entraînement physique footballistique privilégie le développement de la qualité d’endurance par les multiples intermittents VMA. Cette approche quantitative présente trois inconvénients majeurs :
1. Elle renforce la culture du « NO PAIN, NO GAIN », selon laquelle plus on en fait, plus on se sent physiquement fort. Cette approche quantitative ne respecte pas le critère d’efficience de la performativité de l’entraînement. Elle procure une satisfaction personnelle et/ou donne bonne conscience quant au travail accompli, mais cela réduit considérablement le niveau d’alacrité des joueurs, donc leur compétitivité.
2. Elle stimule les fibres rapides des joueurs par des exercices d'endurance, ce qui va à l'encontre du développement optimal de la vitesse. Cela ne respecte donc pas le critère de spécificité de la pertinence de la performativité de son entraînement physique, qui demande que les qualités physiques doivent s’entraîner par elles-mêmes.
3. Elle est superflue puisque les facultés de récupération se développent déjà par les jeux, ce qui coûte hormonalement et réduit ainsi les effets de l'entraînement de la force.
Le symbole de cette approche quantitative se trouve dans les livres sur la préparation physique et même les logiciels de captation des efforts. Ils considèrent, et par là statufient, un sprint comme une vitesse égale ou supérieure à 25kmh. Autrement dit, et pour faire un parallèle parlant, le football actuel entraîne physiquement trop souvent les joueurs comme des demi-fondeurs, voire des marathoniens, alors que ce sont des « sprinters footballistiques ».

Pour éviter ce biais d’entraînement, il appartient aux PPFs de spécifier leur intervention en choisissant clairement leur option stratégique de la préparation physique footballistique. De mon côté, je propose, on l’a déjà compris, que l’entraînement de la vitesse maximale soit la pierre angulaire de la préparation physique du footballeur. Cela signifie, selon une perspective 3D, que la vitesse footballistique s’entraîne d’abord par la qualité physique de la vitesse (la zone rouge de l’image ci-contre). Les entraînements des qualités de l’endurance (la zone bleue) et de la force (la zone jaune) viennent respectivement alors bonifier quantitativement et qualitativement cette vitesse.

Je représente cette approche par un cône inversé, ancré dans le gigacycle de Vitruve-Football. Cette inversion illustre l’idée que plus les joueurs progressent physiquement, plus ils étendent horizontalement leur capacité à répéter des séquences de vitesse maximale. La hauteur du cône correspond ainsi au niveau de vitesse d’un joueur, tandis que la grandeur du diamètre de son cercle supérieur reflète sa capacité à répéter des actions et des déplacements rapides.

Si j'insère ce cône dans un ballon, c'est pour montrer que le développement des qualités physiques nécessaires à la performance doit se faire en équilibre. Sinon, on peut se retrouver dans les situations suivantes :
· Le cône 1 indique qu'un joueur est en excédent de force par rapport à sa vitesse et son endurance
· Le cône 2 montre un excédent d’endurance par rapport à la vitesse et l’endurance
· Le cône 3 représente une situation d’excès de vitesse par rapport à l’endurance et la force
· Le cône 4 indique un déficit de vitesse par rapport aux niveaux de force et d'endurance
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Cône 1 | Cône 2 | Cône 3 | Cône 4 |
Excédent de force | Excédent d’endurance | Excédent de vitesse | Déficit de vitesse |
Ce type de représentation permet aussi d’illustrer des diagnostics sur les niveaux qualitatifs et quantitatifs de la production de la vitesse footballistique selon les exemples suivants.
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Cette image illustre le fait que si le niveau de vitesse est satisfaisant, sa capacité à la réitérer est insuffisante | Cette image illustre un déséquilibre flagrant entre un haut niveau de vitesse et la capacité à la réitérer. | Cette image illustre un équilibre entre les qualités physiques footballistiques mais aussi leur sous-développement | Cette image illustre des qualités d’endurance et de force satisfaisantes, mais une vitesse sous-stimulée |
Ceci visualisé, il s'agit désormais de concrétiser mes interventions terrains. Je le fais par un concept d’entraînement qui s’articule autour de trois phases clés, séquentiellement présentées pour la clarté de l’explication, mais en réalité concomitantes dans leur application. Ces phases sont :
1. L’extraction de la vitesse naturelle maximale footballistique 2. L’optimisation technique de cette vitesse footballistique 3. Ses développements quantitatif et qualitatif.
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Phase 1 : L'extraction de la vitesse maximale naturelle footballistique

Cette phase consiste à exploiter pleinement la vitesse maximale naturelle footballistique des joueurs. Cette extraction se fait à travers un travail d’harmonisation biotensègre de l’ensemble du corps, en s'assurant que les joueurs soient en pleine santé et en état de pleine alacrité.
Cette phase s’appuie sur plusieurs principes clés :
· Détente musculaire et relâchement : L'idée ici est de maximiser la performance en enseignant aux joueurs à se décontracter pour mieux contracter leurs fibres musculaires pour se déplacer vite. Cela permet de prévenir la rigidité corporelle et d’optimiser l’utilisation des fibres musculaires.
· Intégration Motrice Primordiale : Il s'agit de viser à ce que le système nerveux des joueurs fonctionne en homéostasie, tout en inhibant leurs réflexes archaïques qui pourraient nuire à leur performativité motrice.
· Étirements et renforcement : Le Stretching global actif et la méthode d'étirement contracté-relâché sont utilisés pour améliorer la mobilité musculo-articulaire. De plus, un renforcement corporel en X dans un cadre biotensègre permet de canaliser l’énergie des joueurs de manière efficace, soit en exploitant au mieux leur énergie vitale.
· Recrutement des fibres musculaires : Pour extraire la vitesse maximale footballistique naturelle d’un joueur, il s’agit d’activer ses fibres rapides par un recrutement spatio-temporel correspondant. Comme « on n’est jamais mieux servi que par soi-même » et que « c’est en forgeant que l’on devient forgeron », cela signifie que pour se déplacer plus vite, on s’y entraîne à vitesse maximale. Cela implique d’éliminer les blocages corporels qui empêchent cette vitesse maximale de s’exprimer. Pour ce faire, je préconise des entraînements sensitifs de la vitesse maximale.
Phase 2 : L’optimisation technique de la vitesse maximale footballistique

Une fois la vitesse naturelle footballistique extraite, il s'agit d’optimiser sa production à travers un apprentissage technique spécifique. Cette phase repose sur des entraînements techniques des vitesses cyclique et acyclique propres au football. Ces écoles de vitesse permettent d’affiner la coordination entre les différents types de vitesse, afin que les joueurs puissent passer avec fluidité d’une vitesse à l’autre, selon les exigences du jeu.
Pour atteindre cet objectif, mon entraînement physique met l’accent sur la coordination fine footballistique. Par des variations maximales de mouvements finement exécutés, mon idée est de développer une généralité d’action hautement qualitative permettant aux joueurs de s'adapter rapidement aux changements imprévisibles du jeu.
Phase 3 : Les développements qualitatif et quantitatif de la vitesse

Cette phase se subdivise en deux volets :
· Un développement qualitatif qui consiste à élever harmonieusement la montée de la puissance musculaire des joueurs selon un régime de vitesse-force. L’objectif est ici d’optimiser la montée de la puissance musculaire pour pouvoir hautement, harmonieusement, promptement et prestement accélérer et décélérer en fonction de son poste.
· Un développement quantitatif vise à accroître la capacité des joueurs à répéter des sprints de 20 mètres en accélération maximale, entrecoupés de pauses actives de 45 secondes. Cette répétition de l’effort, connue sous le terme d’intermittent RSA, est cruciale pour que les joueurs puissent maintenir leur intensité maximale tout au long d’un match.
L’ensemble de ce concept d’entraînement physique a pour ambition de libérer l’expression du talent footballistique de tous les joueurs. Autrement dit, mon ambition est que « le physique footballistique » magnifie en toute assertivité les talents technico-tactiques des joueurs. Cela est acquis lorsque ce physique footballistique ne caractérise pas le joueur. En d’autres termes, lorsque ce physique n’interpelle et ne le stéréotype visuellement pas en tant qu’athlète avant d’être un footballeur, à l’exemple des arbitres qui font des bons matchs quand on ne les remarque pas. Dans ce cadre et par son importante marge de progression en vitesse, le physique footballistique peut même devenir un atout pour un joueur pour performer au plus haut niveau.
[1] Jürgen Weineck, Manuel d’entraînement, Vigot, Paris, 1986.















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