Sans fixation du bassin, pas de gains d'entraînements physique et technique efficaces et efficients
- xavierblanc

- 18 mai 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 sept.

Lorsqu’on étire un élastique par les deux bouts sans point fixe pour guider sa trajectoire, il tombe simplement à nos pieds quand on le lâche. Le footballeur obéit à la même logique : s’il n’a pas un point solide qui canalise ses tensions corporelles, son énergie se disperse et son efficacité diminue fortement. Avant de produire un mouvement de qualité, il doit donc résoudre ces conflits internes, perceptibles à travers ses petits ajustements et rééquilibrages incessants. Ce brouillage gestuel limite la production de sa vitesse maximale, l’amène à toucher le ballon une fois de trop et provoque de nombreux déchets techniques.

Chez beaucoup de joueurs, ces points de fixation se situent soit au niveau de la ceinture scapulaire, soit au niveau des chevilles. Dans le premier cas, cela s’explique par une pratique intensive d’exercices comme le développé-couché, les tractions, les pompes ou encore la boxe, qui développent surtout un torse musculeux. Ces joueurs mobilisent alors inconsciemment leurs pectoraux, épaules et bras pour stabiliser et produire leurs mouvements. On les reconnaît facilement à leur tendance à utiliser excessivement leurs bras pour « tirer » leur corps dans la direction voulue, alors que, dans le football, les bras doivent surtout dynamiser le mouvement. Il suffit d’ailleurs de leur demander de courir les mains dans le dos pour constater qu’ils peinent à exprimer leur vitesse. Dans le second cas, plus rare, les tensions se fixent au niveau des chevilles. Ces joueurs présentent des chevilles très développées mais des fessiers sous-développés, car ce sont leurs pieds qui assurent leur stabilité. Cela inhibe le rôle des muscles fessiers et des muscles de la hanche, produisant des pieds puissants mais rigides, peu réactifs, et donc un manque de dynamisme dans les foulées.
Cette analyse montre clairement que le point clé de la performance se situe au niveau du bassin, véritable pivot entre le haut et le bas du corps selon une appréhension corporelle en X. Son renforcement permet de mieux équilibrer les masses corporelles, donc d'améliorer son retour à l'équilibre, d’améliorer la résistance lors des duels grâce à un ancrage solide au sol, et de rendre l’utilisation des bras plus efficace et dynamisante. Le football en est conscient depuis plus de trente ans, puisqu’il a intégré de manière systématique des exercices de gainage et de renforcement du bassin. Pourtant, rares sont les joueurs qui possèdent réellement un bassin solide comme point de fixation. Cela s’explique probablement par le fait que, même si les abdominaux classiques ont été remplacés par des exercices de stabilisation des chaînes musculaires, ceux-ci ne ciblent pas toujours l’essentiel : le renforcement spécifique en force et en réactivité des muscles stabilisateurs profonds, comme le transverse, les petits obliques et les psoas. Pour ce faire j'utilise les principes de renforcement du caisson abdominal de Bernadette Gasquet auxquels je rajoute ceux de Olivier Maurelli, Bruno Parietti, Michel Pradet qui stipulent qu'il n'y a pas de gainage sans stimuli déséquilibrants lors de ses exercices [1].
Si certains considèrent que ce constat enfonce des portes ouvertes, je les invite à se poser une question : sur combien de terrains ont-ils réellement observé un travail de qualité, systématique et dynamique de renforcement du bassin, alors que celui-ci détermine directement l’organisation corporelle du joueur et, par conséquent, la précision et l’efficacité de sa gestuelle footballistique ?
[1] Bernadette de Gasquet, Abdominaux, arrêtez le massacre, Editions Marabout, 2009 ; Olivier Pauly, Posture et gainage, Santé et performance, Editions De Boeck Supérieur, 2016 ; Olivier Maurelli, Bruno Parietti, Michel Pradet, Gainage pour le sportif, Editions Amphora, 2017.





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