C'est un retour performant à l'équilibre corporel qui détermine la bonne stabilité du footballeur !
- xavierblanc
- 12 août 2022
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 8 minutes

Sport de mouvement et de contact, soudain et incertain, donc par définition instable, le football exige des joueurs une capacité constante de rééquilibrage de leurs masses corporelles, ou équilibriation, au préalable de toute exécution technique de déplacement et de maitrise du ballon. En effet, l'absence d'une telle compétence génère et explique bon nombre de déchets techniques et des déplacements non optimaux.

La qualité du retour à l'équilibre corporel est donc une compétence fondatrice du niveau footballistique des joueurs, dans le sens qu'elle offre la stabilité furtive nécessaire pour que leur technique gestuelle soit pertinente, efficace et efficiente, donc performante. Par qualité, j'entends que ce retour à l'équilibre soit à la fois rapide et approprié à la situation que le football propose. Pour ce faire, le joueur doit bénéficier d'une posture corporelle saine.
À notre origine, nous n'étions qu'une toute petite et unique cellule. Cette cellule s'est, le temps passant, subdivisée et différenciée selon notre génome en 100'000 milliards de cellules qui s'organisent et se coordonnent pour nous donner un corps érigé en bipédie. Un corps est finalement un assemblage de masses (bras, jambes, tronc, tête) qui s'efforce de se maintenir coordinativement posturalement debout et que nous prenons plaisir à mouvoir, parfois avec plus de contrainte, parfois avec plus de facilité.
Cette bipédie est le fruit de plus de 7 millions d'années d'évolution, dont 2 millions depuis l'apparition de l'homo erectus. Mais cet acquis demeure cependant une bataille de tous les instants, car notre corps doit constamment lutter contre la gravité par oscillations rééquilibrantes issues des contractions de ses chaînes musculaires dans le but, notamment, d'éviter les chutes [1]. Pour donner un indice de cet effort, il paraîtrait qu'il nous coûte métaboliquement 100 calories par heure.
Ce processus constant de rééquilibrage est également influencé par notre morphologie. En effet, il est plus facile, ou moins coûteux sur le plan énergétique, pour une personne ayant un faible indice de masse corporelle de maintenir dynamiquement son équilibre des masses qu'une personne obèse. De même, une personne dont les chaînes musculaires sont en bonne santé, c'est-à-dire qui ne souffrent pas de tensions dues à la fatigue, à la maladie, à des traumatismes émotionnels, ou à des limitations de flexibilité et de fluidité, notamment par manque de coordination intermusculaire entre les muscles statiques et phasiques, aura plus de facilité à se rééquilibrer efficacement.
Dans ce cadre, comme le football est un sport délétère pour la posture, il demande des mesures correctives d'harmonisation corporelle pour en garantir la fonctionnalité. Dans cette perspective, et plus particulièrement lorsque la chaîne postérieure n'est pas en mesure en réactivité et en force de gérer une situation de déséquilibre, de nombreux joueurs compensent en utilisant leurs bras pour se rééquilibrer. Si tel est le cas, cela signifie qu’ils disposent d’une ressource en moins pour prendre l'espace ou l'ascendant sur leur adversaire parce que leurs bras de dynamiseurs deviennent moteurs, soit qui déterminent leurs mouvements.
Dans cet ordre d'idée, une posture déficiente engendre des coûts métaboliques et techniques non négligeables. Combien de joueurs doivent se contorsionner pour trouver l'équilibre corporel nécessaire pour exécuter une simple passe plat du pied techniquement correcte, ou encore rajoutent 1 ou 2 appuis pour trouver une bonne position de tir ce qui donne aux défenseurs le temps de les contrer. Dans un sport où chaque match comprend plus de 1200 actions, ce gaspillage gestuel d'énergie peut avoir un impact significatif sur les performances technique et métabolique des joueurs, en plus d'augmenter le risque de tensions musculo-articulaires et de blessures.
Cette petite analyse nous montre qu'au final pour que les techniques de maitrise du ballon en mouvement et des déplacements soient performantes, les joueurs doivent être en mesure de créer incessamment, en fonction des situations de jeu, des moments furtifs de stabilité de bonne qualité par une capacité performante de retour à l'équilibre corporel. Dans cette logique, la stratégie d'entraînement physique footballistique n'est pas de renforcer la qualité de la stabilité corporelle, mais plus encore et avant tout de bonifier le retour à l'équilibre corporel. Cela signifie que les exercices de gainage, qui visent à améliorer la qualité de stabilité des joueurs, doivent intégrer des stimuli de déséquilibre afin que les chaînes musculaires sollicitées apprennent à rééquilibrer le corps avec la rapidité et la force adéquates, à l'instar de ce que propose Olivier Maurelli, Bruno Parietti et Michel Pradet [2].
En conclusion, la capacité de retour à l'équilibre corporel est une compétence essentielle à détenir pour que les techniques de déplacement et de maitrise du ballon soient de haute qualité. Ce qui est motivant pour les joueurs, c'est que le football dispose des moyens pour l'améliorer. Notamment en effectuant des exercices de rééquilibrage corporel qui améliorent la qualité du recrutement musculaire de leur chaine postérieure et par du gainage en X. Expérience faite, les joueurs sont alors surpris d'avoir, sans y penser et avec moins d'efforts, le temps et la position nécessaires pour exécuter avec qualité leurs gestes footballistiques, ce qui d'ailleurs les facilite, mais aussi les bonifie en augmentant conjointement leur précision et leur vitesse d'exécution.
[1] Frédéric Brigaud, Améliorer sa posture, du quotidien à la pratique sportive, Editions Désiris, 2016. Frédéric Brigaud, Corriger la posture et les instabilités articulaires, Edition Désiris, 2019. Frédéric Brigaud, Corriger le pied sans semelle, Editions Désiris, 2019.
[2] Olivier Maurelli, Bruno Parietti, Michel Pradet, Gainage pour le sportif, Editions Amphora, 2017.
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