La posturologie... un outil précieux au service de la préparation physique footballistique !
- xavierblanc
- 3 févr. 2023
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Dernière mise à jour : il y a 5 jours

Il faut appréhender la Posturologie [1] comme une discipline qui renvoie à un système d'intervention qui fait appel entre autres à la physiologie, la physiothérapie (ou kinésithérapies belge et française), l'ostéopathie, la neurologie, la rhumatologie, l'ORL, l'ophtalmologie, la dentisterie et l'orthophonie.

« Elle représente l'ensemble des techniques d'étude des dysfonctions posturales, que ce soit cliniquement ou par des examens paracliniques, grâce auxquels est posé un diagnostic qui permet de mettre en place un traitement postural adapté à chacun ». La posture est ici comprise comme « l'ensemble des mécanismes permettant le maintien de la station debout ». Plus largement, elle comprend toutes les postures telles que l’assise, l’accroupie, en fauteuil roulant... Elle est statique lorsque nous sommes immobiles et dynamique quand nous sommes en mouvement.
La posturologie étudie le corps dans sa globalité. Elle prend en compte à la fois les aspects physiques et psychologiques de chaque individu, car notre vie s'inscrit et imprègne notre posture ou la signe corporellement. Ainsi, il n'existe pas de posture idéale et le profil de notre posture évolue au fil du temps, pouvant se modifier progressivement ou brutalement, notamment en cas d'accident ou de traumatisme.
L'objectif de la posturologie est de comprendre le fonctionnement humain et d'intervenir en cas de douleur et/ou d'incapacité fonctionnelle. Elle part du constat que l'homme, du fait de sa bipédie, doit lutter contre la gravité terrestre, en « synergisant » adéquatement ses systèmes musculaire, squelettique, nerveux et fascia. Cette synergie est contrôlée consciemment et inconsciemment par le cerveau, qui envoie des informations sur les contractions musculaires à faire et la force à exercer pour qu’on puisse se mouvoir correctement dans l’espace.
Le tout fait appel au processus de la régulation posturale et de mécanismes du système postural. Le processus de régulation posturale, indispensable à chaque seconde de la vie, « permet à la fois l'orientation du corps dans l'espace et la stabilisation de la posture ». Les mécanismes du système postural ont pour socle le schéma corporel qui « est une représentation interne du corps... À partir des entrées sensorielles et des apprentissages ». Cette cognition spatiale et ce contrôle postural reposent sur les référentiels que sont la gravité et notre environnement. Les mécanismes du système postural comprennent aussi les automatismes et des schèmes de base qui ne sont pas « innés, mais liés à notre apprentissage et à l'automatisation des tâches ». « Ces automatismes vont faciliter les anticipations et les réactions posturales lors des mouvements et des gestes. Les automatismes utilisent des capacités réflexes de base qu'ils « éduquent » à nos tâches posturales. Ces capacités posturales, qui sont la trame sur laquelle nous allons construire notre équilibre postural, sont appelées les « schèmes de base » ».
Pour compléter cette brève présentation, le système postural ne va pas « corriger, mais seulement compenser un trouble », c'est-à-dire s'adapter en cas de déséquilibre. « Cette adaptation passe souvent par l'apparition de tensions et de douleurs ou encore d'autres symptômes cliniques comme la fatigue ou des troubles de l'équilibre ». Comme annoncé ci-avant, le tout a besoin d'informations qui sont fournies au cerveau par notre proprioception ainsi que par nos capteurs que sont la vue, les pieds, les appareils vestibulaires et les articulations temporal-mandibulaires (ATM). Leur caractéristique commune est qu'ils sont à la fois efférents et afférents. Ils fournissent de l'information (afférence) au cerveau pour qu’il rééquilibre le corps. Ils participent à la production du mouvement par leur fonction d'information (efférence) du centre (le cerveau) à la périphérie (les muscles). Ils sont donc potentiellement la cause de dysfonctions posturales en cas de déficience. Mais ils peuvent aussi subir les effets d'une dysfonction ou d'un déséquilibre postural en devant s'adapter de façon aiguë (temporaire) ou chronique (modification structurelle) et par là nous mettre en souffrance ou péjorer nos capacités à nous mouvoir correctement, c'est-à-dire fluidement sans douleur.
L'utilité de la Posturologie réside dans sa capacité à traiter de manière holistique les dysfonctions telles que les douleurs ou un fonctionnement corporel inefficace ou inadapté. Elle précède et facilite ainsi le traitement cognitif rapide et efficace de l'information technico-tactique que les préparations mentales footballistiques cherchent à optimiser. Notamment, elle vise à fournir à notre cerveau de l'information saine, à savoir qui relate objectivement la réalité, au cerveau pour que celui-ci puisse déterminer notre posture sportive en toute connaissance de cause, ou de jeu, pour ensuite produire en réponse le mouvement adéquat.
La Posturologie est particulièrement précieuse car elle nous donne la capacité de diagnostiquer les conséquences corporelles des effets négatifs du football, qui déforment et contraignent les joueurs sur le plan biomécanique. Dans cette perspective, elle permet au PPF d'éviter l'erreur de renforcer les dysfonctions corporelles au lieu de les résoudre. Par exemple, elle exclut l’utilisation de certains types de musculation pour développer qualitativement de la vitesse maximale, lorsque celle-ci ne peut tout simplement pas s'exprimer en raison de déséquilibres musculaires. L’idée est d’échapper au piège bien connu de développer la force du joueur sans que cela se concrétise par un gain de vitesse.
La Posturologie rend humble le PPF en lui faisant prendre conscience des limites, voire de l'inanité, de ses interventions. En effet, il est vain de demander des performances à un corps mis à mal par une discipline sportive qui, chaque week-end, altère ses capteurs, en particulier les pieds. Dans ce contexte, le talent du PPF réside dans sa capacité à composer avec ces limitations, en trouvant un chemin de progression qui combine la correction, le soin et le développement des capacités physiques.
Sur le plan technique, utiliser la Posturologie comme référentiel d'intervention élargit les possibilités de correction à apporter. Plutôt que de se contenter de corriger les fautes techniques (agir sur les symptômes), cela implique de réfléchir aux causes sous-jacentes de ces fautes et de proposer des exercices qui les éliminent ou bien les atténuent.
Enfin, l'adoption de cette approche par un staff signifie également que l'examen postural clinique remplace les tests footballistiques pré-saison, qui ne sont souvent pas représentatifs de l'état physique et de la forme des joueurs. Il reste alors à trouver, via les moteurs de recherche disponibles, un posturologue certifié et compétent dans sa région d'intervention.
[1] Cette présentation est une synthèse très, très succincte du livre de Nicolas Meyer, Le grand livre de la posturologie, Editions Eyrolles, juin 2016. Pour aller plus loin dans l'exploration de la Posturologie lire notamment Alain Scheibel, Françoise Zamfirescu, Pierre-Marie Gagey, Philippe Villeneuve, Pratiques en posturologie, Editions Elsevier Masson, 2017. Gérard Vallier, Traité de posturologie, clinique et thérapeutique, Editions Posturopole, 2014. Betty Hachard, Influence de la fatigue sur le contrôle postural : spécificités des effets d’une fatigue musculaire volontaire ou électro-induite et impact d’une fatigue mentale occasionnée par une tâche cognitive prolongée. Thèse de doctorat, Staps, Université de Pau et des Pays de l’Adour, septembre 2019.ctorat, Staps, Université de Pau et des Pays de l’Adour, septembre 2019.
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