Pour performer physiquement footballistiquement mieux, optimisons les relations des muscles statiques et phasiques !
- xavierblanc
- 20 août
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Dernière mise à jour : il y a 3 jours

La performativité des mouvements footballistiques repose sur une coordination sophistiquée entre différents types de muscles. D'une part, les muscles statiques, ou posturaux, sont essentiels à la stabilité corporelle. Par leurs contractions isométriques quasi permanentes, ils maintiennent la posture et résistent aux forces gravitationnelles [1], [2]. D'autre part, les muscles phasiques sont les principaux acteurs du mouvement. Ils génèrent des contractions qui rapprochent ou éloignent les leviers osseux, s'appuyant sur le socle de stabilité fourni par les muscles posturaux. Cette dichotomie musculaire s'inspire notamment de la classification de Vladimir Janda, qui considère les muscles toniques comme hyperactifs et résistants à la fatigue, tandis que les muscles phasiques s'activent de manière intermittente et se relâchent rapidement [3].

Toutefois, la relation entre ces deux catégories musculaires n'est pas toujours harmonieuse. Une sollicitation excessive ou une surcharge tonique peut induire une hypertonie et une raideur accrue des muscles statiques. Cette surtension peut constituer une contrainte mécanique et neuromusculaire qui pourrait potentiellement limiter l'efficacité des muscles phasiques, ou une atonie musculaire. L'expression rapide et puissante des mouvements footballistiques pourrait ainsi être compromise si la liberté articulaire et fasciale n'est pas suffisante. Dans cette logique, il serait donc pertinent de considérer que, pour que la gestuelle footballistique s’exprime pleinement, la structure posturale doit être suffisamment souple et détendue ou être à un niveau optimal de biotenségrité.
Mécanismes et stratégies pour optimiser la fonctionnalité musculaire
Les mécanismes sous-jacents à une interaction dysfonctionnelle entre muscles phasiques et statiques sont multiples. Sur le plan mécanique, une tension excessive des muscles statiques peut potentiellement entraver le glissement optimal des muscles et favoriser la formation d'adhérences fasciales, ce qui peut gêner le mouvement relatif entre les différentes structures. Sur le plan neuromusculaire, l'hypertonie posturale peut induire une inhibition réflexe des muscles phasiques, réduisant ainsi leur capacité contractile. La combinaison de ces phénomènes peut contribuer à une perte de mobilité, ce qui augmente le risque de compensations motrices et de surcharges tendineuses ou articulaires.
Dans cette perspective, il est justifié de chercher à réduire la surtension des muscles statiques. Une approche thérapeutique prometteuse est l'utilisation de l'étirement excentrique. En provoquant un allongement contrôlé du muscle sous tension, cette méthode a pour effet d'activer les organes tendineux de Golgi, ce qui favorise l'inhibition réflexe. Elle peut aussi augmenter la compliance musculaire [4] et stimuler un remodelage structurel [5]. Une autre méthode, la relaxation post-isométrique, tire parti du réflexe ostéotendineux inverse en alternant une contraction isométrique avec un relâchement et un étirement progressif. Ces modalités visent à restaurer la longueur fonctionnelle des muscles statiques et à améliorer la fluidité du mouvement.
Relâcher l'hypertonie tout en renforçant la stabilité
En complément de l'approche visant à relâcher l'hypertonie, il est tout aussi important de maintenir une tonicité suffisante des muscles statiques afin de remplir correctement leur fonction de stabilisation. Une faiblesse tonique de ces muscles peut compromettre la stabilité posturale et la transmission des forces, limitant ainsi la performance des muscles phasiques [6], [7].
Des techniques spécifiques, telles que celles développées par la méthode de Gasquet, mettent l'accent sur un travail de tonification en synergie avec la respiration. Ce renforcement ciblé, ou gainage, ne crée pas de surtension musculaire globale, mais améliore au contraire la capacité de ce caisson à fournir un socle stable et protecteur, ce qui est indispensable pour un mouvement dynamique efficace et sécuritaire [8]. La performance physique footballistique exige donc une double stratégie qui est de relâcher les tensions inappropriées tout en maintenant une tonicité suffisante des muscles statiques.
Une optimisation interactionnelle par les approches manuelles
Au-delà des exercices coordinativement fonctionnels pour développer les harmonies temporelle et d’intensité des (dé)contractions intermusculaires, l'intégration de techniques manuelles est souvent préconisée pour résoudre d’éventuelles adhérences.
Des méthodes comme l'abrasion des fascias et les massages profonds sont utilisées dans le but de mobiliser les tissus, de restaurer leur glissement et d’améliorer la souplesse locale [5] et [9]. Pour sa part, le crochetage vise à libérer de manière plus ciblée les adhérences interfasciales [10]. Enfin, des approches globales comme le Stretching Global Actif (SGA) ou le yoga, qui est entré récemment dans les moeurs footballistiques, peuvent aussi être intégrées pour un travail de relâchement coordonné [11].
Il est important de noter que l'efficacité de ces techniques est un sujet de recherche et que leur impact précis sur la performance et la prévention des blessures peut varier. La notion d'« adhérences fasciales » est un concept clinique dont la nature exacte et l'identification objective restent complexes à documenter scientifiquement. Néanmoins, en pratique, l'association d'étirements excentriques et de techniques manuelles est souvent considérée comme un levier pertinent pour optimiser la coordination neuromusculaire des muscles phasiques et statiques. Le principe est d'optimiser le socle de stabilité, en renforçant de manière souple les muscles statiques, pour permettre aux muscles phasiques de s'exprimer avec le maximum de puissance et de précision.
[1] C., Gaudez, et M. Aptel, Les mécanismes neurophysiologiques du mouvement : base pour la compréhension du geste. Le Travail Humain, 71(4), 385–412. 2008.
[2] D., Richard, Y., Gioanni, M., Gauthier, J.-F., Camps, & Eugène, D. (2021). La posture et les mouvements rythmiques automatiques. In Neurosciences : Le cours (2ᵉ éd., pp. 382–412). Dunod. 2021.
[3] V., Janda, Muscle Function Testing, Butterworth-Heinemann, 2013.
[4] S., Farcy, Thèse de doctorat, Compliance de la composante élastique série in vivo ; contribution musculaire, tendineuse et aponévrotique et plasticité à la variation de la demande fonctionnelle, Université de Paris-Est Créteil, 17 décembre 2015.
[5] P., Bourdillon et M., Pillu, Thérapeutique manuelle (pp. 243–280). Elsevier Masson. 2010.[6] P. W., Hodges et C. A. Richardson, Inefficient muscular stabilization of the lumbar spine associated with low back pain. Spine, 21(22), 2640-2650. 1996.
[7] D. G., Lee et L. J. Lee, (2010). The Abdominal Canister: A New Perspective on Core Stability. Journal of Manual and Manipulative Therapy, 18(2), 65-76. 2010.
[8] B., De Gasquet, Abdominaux, arrêtez le massacre ! Éditions Marabout. 2009. B., De Gasquet, Périnée, arrêtons le massacre ! Éditions Marabout. 2011.
[9] L., Chaitow et J. DeLany, Techniques neuromusculaires (pp. 185–210). Elsevier Masson. 2000.
[10] J.-Y. Maigne, Fibrolyse diacutanée : principes et applications. Masson. 2006.
[11] P.-E. Souchard, Stretching global actif. Desiris Eds. 1996.
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