Le Fat-Tool, les Triggers Points et la moxibustion footballistiques !
- xavierblanc
- 8 nov. 2023
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Le football n'est pas tendre avec ses joueurs. Il les étrique posturalement et chaque match/entraînement donne lieu à des œdèmes. Il est aussi porteur de tellement d'enjeux personnels qu'il émotionne fortement, ce qui peut les tendre corporellement. Enfin, si son niveau physique est régional, c'est un sport qui demande énormément énergétiquement.

Pour garantir des récupérations et des régénérations optimales, il est essentiel de mettre en place des mesures les plus efficaces, pertinentes et efficientes possibles. En complément des soins habituels dispensés par le club et des bols tibétains, mon dispositif d'accompagnement des joueurs comprend également les méthodes Fat-Tool, Triggers Points et de la moxibustion.
a) La méthode Fat-Tool
Jusqu’à récemment, on considérait le corps comme un système composé d’un squelette, de muscles, de nerfs et parfois de tissus conjonctifs pour catégoriser le reste. Longtemps considéré comme un fourre-tout, ce tissu conjonctif a acquis un véritable statut et a été nommé « fascia ». Ce fascia [1] est à appréhender comme un squelette mou représentant jusqu’à 30% de notre masse corporelle. Il se présente comme une sorte de toile d’araignée composée de couches superficielles, profondes, méningées ou encore viscérales. Il est constitué de protéines de collagène et d’élastine dont les proportions varient selon les types de fascias.
Les fibres de collagène ont pour fonction de résister aux tensions avec une capacité d’étirement faible, soit d’environ 10% de leur longueur. Les fibres d’élastine, quant à elle, permettent l’étirement en allant jusqu’à 230% de leur longueur d’origine, pour reprendre ensuite leur forme originelle. Ce qui m’intéresse particulièrement pour le football, c’est que ces propriétés permettent à notre corps d’absorber les chocs et les mises en tensions musculaires. Par conséquent, plus les fascias des joueurs sont en bonne santé, plus ils sont en capacité de se mouvoir sans restriction. Un fascia en bonne santé signifie que la fatigue, les tensions musculaires, les blessures émotionnelles, les modes de vie, les usures prématurées dues à des mouvements sans cesse répétés, les blessures... ne le fibrosent et ne le plissent pas. En résumé, qu'il garde ses qualités d’adaptation aux tensions corporelles en restant souple, flexible et rétractable.
Si les problèmes récurrents comme la fibromyalgie sont traités par la fasciathérapie, pour des tensions moindres, le préparateur physique footballistique (PPF) dispose de l’étirement fascia. Cet étirement élimine les adhérences tissulaires, ce qui limite l'apparition de fibroses. Il est généralement inclus dans les différents types d’étirements musculaires [2]. Mais dans le cas où les fibroses ou les adhérences sont trop prégnantes, j’utilise en sus la méthode Fat-Tool.
La méthode Fat-Tool est un dérivé du Gua Sha, l'un des plus anciens traitements de la médecine chinoise. Alors que le Gua Sha vise à provoquer des lésions cutanées pour inciter le corps à éliminer les toxines lors du processus d'auto-guérison, le Fat-Tool vise à harmoniser les tissus des joueurs par abrasion des adhérences fasciales. Il vise à créer de l’énergie mécanique par un frottement doux qui va favoriser le relâchement des fascias rétractés que l’on constate par leurs textures plissées.
Ce qui distingue la méthode Fat-Tool des instruments Gua Sha commerciaux et de la Graston Technique, c'est l'utilisation d'instruments texturés conçus pour ne pas blesser la peau. Aux États-Unis, cette méthode est largement utilisée par de nombreuses universités ainsi que par des équipes de la NBA et de la MLB. Plus près de nous, Kevin Mayer l'a utilisée lorsqu'il était préparé physiquement par Jérôme Simian [3] et qu'il a battu le record du monde du décathlon.
L'intérêt de la méthode Fat-Tool réside également dans son pragmatisme. Ses instruments non tranchants peuvent être facilement transportés sur les terrains et intégrés dans des séances d'activation. Leur seul inconvénient est qu'ils doivent être placés en soute lors des déplacements en avion.
b) La méthode des Triggers Points
La méthode des Triggers Points [4] traite les points de tension qui se manifestent sous la forme de nodule durci et douloureux au toucher. La présence de ces nodules, que l'on trouve sur/dans les muscles et qui sont de la grandeur d'un grain de riz, indique des points de tension. Ces points se forment lorsque les sarcomères restent constamment contractés à la suite d'une surtension ou d'un choc, écrasant ainsi les fibres musculaires. Un cercle vicieux s'installe alors, car cette contraction réduit la circulation sanguine, entraînant des diminutions d'oxygène et d’ATP, ainsi qu’une accumulation des déchets métaboliques. Cela conduit à une contraction continue de la zone touchée, qui finit par s'étendre à tout le muscle. Cette contraction musculaire, ou plutôt cette absence de contractions, soit une atonie musculaire, sollicite alors les muscles adjacents pour compenser ce dysfonctionnement, créant ainsi des déséquilibres musculaires.
Les Triggers Points sont dits latents lorsqu'ils ne sont pas douloureux, mais « se réveillent » à cause d'un distress, d'un choc ou d'une surcharge sportive. Ils sont qualifiés d’actifs lorsqu’ils provoquent des douleurs intenses et/ou réduisent la mobilité du joueur. La particularité des Triggers Points tient dans le fait qu'ils peuvent être distants de la zone de douleur, ce que l’on appelle des points référés. Par exemple, « ... un Trigger Point stimulé sur le muscle droit antérieur, en haut de la cuisse, réfère une douleur ou une sensation de gêne à l'avant du genou « [5]. Sur cette distance, vous pouvez aussi avoir des Triggers Points secondaires, qui se désactiveront une fois le Trigger Point principal traité.
Un traitement Trigger comprend une pression statique de 5 à 7 secondes sur le point sensible, puis un massage sur zone à répéter de 4 à 5 fois par jour. Cette technique est douloureuse, ce qui est un signe que le problème est bien localisé. Mais plus cette douleur s'estompe, plus cela signifie que le traitement sera efficace. Il n'y a pas de contre-indications à utiliser cette méthode partout et à tout moment. Par contre, une formation est nécessaire pour connaître les points référés.
c) La moxibustion
La moxibustion est un des 3 grands chapitres de la Médecine Chinoise Traditionnelle, aux côtés de l'acupuncture et de la phytothérapie. Bien que l'acupuncture soit le domaine le plus connu, la moxibustion est d'égale valeur thérapeutique. Elle s'exécute par l'application de moxa, prenant la forme d'un cigare ou d'un bâtonnet, que l'on allume afin de chauffer à petite distance la zone de tension à traiter. Le moxa est fabriqué à partir d'armoise séchée, une plante médicinale chinoise utilisée pour traiter l'eczéma, les inflammations [6], les saignements et les troubles menstruels.
Le moxa peut s'assimiler à l'aiguille d'acupuncture, mais au lieu de piquer, il chauffe les points des méridiens. Lorsque les aiguilles ne sont pas applicables, les moxas peuvent donc sans autres les remplacer. Ils peuvent aussi être utilisés sur des zones sensibles ou douloureuses, signes de surtensions énergétiques. Si la zone douloureuse est un point précis, le moxa va le dissoudre en étant placé de façon immobile à 3, 4cm au-dessus de lui. Le moxa est retiré de la zone lorsque la chaleur devient brulante, puis, après une pause, on recommence la procédure. Si la zone à traiter est plus étendue qu’un point de tension, le moxa est appliqué par balayage. Les soins par moxa durent au total de 2 à 3mn par zone. Lorsque la peau est devenue rouge, il est temps de s'arrêter. Le traitement peut se répéter quotidiennement jusqu'à disparition des douleurs.
D’après mon expérience, la moxibustion est particulièrement appropriée pour les tendinites et les petites inflammations. Tout en étant très économique, il sied donc parfaitement au football qui blesse continuellement. Sa facilité d'utilisation permet aux joueurs adultes de s'en servir en toute autonomie après avoir été orientés par une personne autorisée.
[1] Pour comprendre le fascia, je vous invite à lire le livre de David Lesondak, Le Fascia, un nouveau continent à explorer, Editions Ressources Primordiales, 2019.
[2] Siegbert Tempelhof, Daniel Weiss, Anna Cavelius, Exercices pour les fascias, Davantage de mobilité, de santé de dynamisme, Editions Médicis, 2016.
[3] En cas d'intérêt, Jérôme Simian propose des formations Fat-Tool sur Lyon ou la proche banlieue genevoise voir https://www.synapticathletics.com/
[4] Vincent Cueff, Supprimez rapidement vos douleurs par la technique des Points Trigger, Editions Jouvence, 2019.
[5] Ibid. p. 29.
[6] Il est à noter que les inflammations sont notre processus d'autoguérison. À ce titre, certains sont partisans de laisser ces inflammations exister sans les interrompre par des anti-inflammatoires. Ces inflammations sont à distinguer de celles qui sont chroniques qui nécessitent un traitement.
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