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L'écoute active des douleurs physiques footballistiques

  • Photo du rédacteur: xavierblanc
    xavierblanc
  • 21 févr. 2024
  • 13 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 sept.

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Un multiple détenteur de la Coupe de Suisse, qui a disputé près 200 matchs professionnels dont 10 de Champions League, m'a avoué récemment que sur l'ensemble de sa carrière, il a joué seulement 5 matchs en pleine possession de ses moyens physiques, soit sans aucunes douleurs.


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Ce cas n'est pas isolé. C'est même la norme, tant le football malmène ses joueurs avec ses duels qui blessent, sa pratique préjudiciable pour la posture et ses calendriers parfois démentiels. Par désir de jouer le prochain match par passion, volonté de ne pas perdre ou de gagner une place de titulaire, le joueur accepte ses douleurs en passant outre. Mais cela a pour conséquence qu'il module ses efforts afin de maintenir vaille que vaille la fonctionnalité de son physique pour préserver et/ou réparer le peu de physique qui lui reste pour le match à venir. Il s'instille alors un gap entre les objectifs physiques d'entraînement de ces joueurs avec ceux de leur équipe qu'il devient très difficile à résoudre pour le PPF. Multipliée par 20-24 joueurs, cette problématique devient rapidement insurmontable, dans le sens où la condition physique de l'équipe va se détériorer inexorablement, par le cercle vicieux d’un nivellement par le bas. En effet, pour obtenir un niveau physique homogène des joueurs et leur permettre de s'entraîner ensemble, le PPF est contraint plus le temps s’avançant de réduire de plus en plus les charges en fonction des joueurs les moins en moins aptes.


La gestion du physique des footballeurs a toujours été une des principales tâches des entraîneurs. Forts de leur expérience et de leur connaissance approfondie de leurs joueurs, ils parviennent empiriquement à les gérer physiquement au jour le jour. Toutefois, dans le souci d'augmenter la performativité physique des équipes, on cherche à renforcer les suivis médicaux et le monitorage physique des joueurs avec l'aide d'outils tels que des échelles de perception de l'effort de Borg ou de Foster qui sont aujourd'hui digitalisées à l'exemple d'applications telles que Mycoach. Malgré cela, cet équipement semble parfois insuffisant, car s'il identifie une situation, il ne fournit pas nécessairement de détails sur celle-ci.

 

C'est pourquoi chaque début d'entraînement donne lieu à des discussions entre les entraîneurs et les joueurs qui ressentent des douleurs, afin de déterminer dans quelle mesure ils sont entraînables. Si cela permet au joueur de signaler qu'il ne peut pas s'entraîner à pleine capacité pour éviter d'être critiqué, et/ou pour bénéficier d'un entraînement adapté, cela souligne surtout que l'interprétation de ces sensations est souvent subjective. Cela nécessite le développement d'outils plus pertinents pour évaluer correctement la situation et prendre des décisions bénéfiques à la fois pour le joueur et pour l'équipe. Dans cette optique, l'objectif est d'entraîner physiquement «par la douleur et non dans la douleur», pour éviter que la douleur limite les performances du joueur en le crispant par réflexe d'autoprotection. Pour ce faire, je propose de mener des « anamnèses sportives » par «L'écoute active des douleurs physiques footballistiques».


Premièrement, parce que la douleur est le langage de notre corps pour nous indiquer ce qu'il peut faire et selon quelle intensité. Saisir et comprendre sa douleur physique revient alors à parler «sans douleur de sa douleur», dans le sens où le joueur peut se (re)connecter, sans filtre et sans biais, avec lui-même en se parlant vrai en se regardant vraiment sans influences, perturbations ou considérations externes. Selon le principe socratique «Pour connaître, connais toi toi-même», la prise de conscience de ses douleurs devient alors un préambule pour prendre bien soin de soi, respectivement pour bien s'entraîner. Le but est alors que le joueur soit en capacité, selon le proverbe tibétain d’« écouter son corps chuchoter, avant qu’il ne crie », de prévenir au lieu de guérir. Secondement, pour l'entraîneur, l'idée est d'aider le joueur à objectiver, son état douloureux sachant que «c'est lui qui connait consciemment ou inconsciemment le diagnostic» en paraphrasant les mots de Sir William Osler, l'un des pères de la médecine moderne. Ceci posé et pour obtenir un outil pratique à la portée de tous, il s'agit de découvrir/d'éclaircir ce que recouvrent les notions de douleurs footballistiques et d'écoute active.


La douleur ?

Selon l'Association internationale pour l'étude de la douleur (IASP), la douleur est définie comme «Une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée ou ressemblant à celle associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle». Les mécanismes et les sources de la douleur permettent de la distinguer en trois catégories principales : la douleur par excès de nociception, la douleur neuropathique et la douleur psychogène.


La douleur par excès de nociception provient de l'activation de récepteurs sensoriels appelés nocicepteurs, présents dans tout le corps. Ces nocicepteurs transmettent des messages nerveux signalant une lésion, une activité excessive, une température inappropriée, ou des contraintes excessives sur les articulations ou les muscles. Cette douleur est de nature protectrice, car elle agit comme un signal d'alarme nous incitant à mettre fin à une situation potentiellement dangereuse pour notre intégrité. Elle est généralement aiguë ou temporaire, s'arrêtant lorsque la lésion est réparée. 


La douleur neuropathique résulte d'une atteinte directe du système nerveux, causée par une lésion, une compression, des complications de maladies, ou des intoxications (telles que la chimiothérapie). Les sensations ressenties peuvent inclure des décharges électriques, des élancements, des sensations de brûlure ou de froid, ainsi que des picotements. Si cette douleur persiste pendant plus de trois mois, elle est souvent considérée comme une maladie. L'intensité de la douleur neuropathique dépend du niveau de sensibilité de chaque individu.


Enfin, la douleur psychogène, bien qu'elle ne soit pas associée à des lésions tissulaires apparentes, n'est pas pour autant imaginaire. Elle inclut des affections telles que les céphalées de tension (migraines, etc.) et les fibromyalgies.


Replacées dans le contexte sportif, les douleurs suivantes peuvent survenir [1]:

· Les douleurs provoquées par l'effort physique qui «sont liées au stress provoqué par l’activité physique en elle-même ou par l’importance de la charge sur les muscles». Elles permettent la progression et ne sont pas délétères tant que l'on récupère des conséquences des efforts consentis selon la logique que le catabolique devient anabolique. Elles sont même euphorisantes par sécrétion d'endomorphine antalgique, ce qui explique que certains tombent dans l'excès de pratique, jusqu'à la bigorexie. 

· Les douleurs issues de blessures provenant des traumatismes de la pratique sportive qui donnent lieu à des ecchymoses, des enflures, des déchirures ou encore des fractures. Ce type de douleurs libère des neuropeptides, ou hormones secrétées par les cellules nerveuses, qui modulent la sensation de douleur. Le niveau de douleur est lié à la gravité de la blessure et à son temps de résorption, que l'on peut réduire par l'application immédiate de froid, en raison de ses effets de réduction des hématomes par vasoconstriction locale et inhibition des nocicepteurs qui participent à la libération des neuropeptides.

· Les douleurs chroniques en sport qui sont en général «liées à des modifications dégénératives du système musculo-squelettique et peuvent réduire de manière significative le plaisir de la pratique sportive pendant l’activité physique». Elles sont de type inflammatoire et traitées par physiothérapie ou médicaments, mais plus certainement encore par arrêt ou diminution de l'intensité de l'entraînement.

 

Il est important de noter que, étant donné que la douleur est un ressenti subjectif, le niveau de douleur considéré comme acceptable, celui avec lequel on peut composer, varie en fonction de la sensibilité individuelle [2]. Cette sensibilité peut être influencée par nos états émotionnels et physiologiques. Par exemple, lorsque notre pH sanguin diminue en raison de la fatigue liée à l'effort, cela entraîne une augmentation de l'acidose corporelle, rendant ainsi notre seuil de tolérance à la douleur plus bas. Dans ce contexte, l'entraînement physique a pour vocation de déplacer le curseur de la perception de la douleur à l'effort par désensibilisation ou habituation, mais surtout en rendant l'effort plus facile en développant sa capacité à «se faire mal» [3] mais «non du mal». Enfin, comme il peut être utile d’avoir un cadre de compréhension des blessures dans le football, et plus particulièrement celles des jeunes, j’invite tous les entraîneurs et PPFs intéressés par la problématique à lire les travaux de Théo Ichard et son magnifique document «Prévention des blessures au football ».


L'écoute active ?

Il en va de l'écoute active comme de plus en plus de domaines. On la connait sans toutefois être en capacité de l'expliquer. Si c'est le cas, l'écoute active a été développée par le psychologue Thomas Gordon à partir des travaux du psychologue américain Carl Rogers [4]. Selon le site HR4Free, c'est une technique de communication dont l'objet, dans notre cas, est de mettre en mots, compris par tous de la même façon, sans tabous et en toute liberté, le ressenti de la douleur que le joueur exprime implicitement ou tacitement. Elle «permet de s’assurer que l’on a bien compris le message de son interlocuteur et le lui démontrer». Lors d'un échange interpersonnel, elle s'attache plus à découvrir le contenu cœur, ou émotionnel, que le contenu intellectuel ou rationnel. L'écoutant doit alors avoir une attitude authentique et compréhensive sans interpréter et/ou juger.


On est dans une écoute active si l’on respecte les 5 conditions suivantes:

  1. « L’accueil: Savoir accepter l’autre comme il est. C’est une attitude empreinte de respect et de considération pour favoriser la confiance et manifester un réel intérêt. C’est considérer l’autre comme la personne la plus importante au monde, mais sans arrière-pensée, c’est-à-dire sans en attendre un retour» .

  2. «Être centré sur ce que l’autre vit et non sur ce qu’il dit: C’est aller au-delà des faits pour s’ouvrir à la façon dont l’autre ressent les choses avec «ses tripes».

  3. « S’intéresser à l’autre plus qu’au problème lui-même: Plutôt que de voir le problème en soi, il s’agit de voir le problème du point de vue de l’autre». Selon les joueurs, une douleur c'est la fin du monde, la normalité, l'expression d'un ras bol, un surentraînement ou elle révèle un manque de motivation...

  4. «Montrer à l’autre qu’on le respecte: C’est donner à l’autre l’assurance que l’on respecte sa manière de vivre ou de voir les choses sans empiéter sur son domaine et sans se transformer en apprenti psychologue qui « voit » dans l’inconscient de l’autre».

  5. «Être un véritable miroir: Il s’agit, non pas d’interpréter « ta douleur c’est cela » mais de se faire l’écho de ce qu’il ressent: « ainsi, tu ressens profondément que… ». Tout l’art est ici de mettre en relief les sentiments qui accompagnent les mots de l’autre».


Le tout est modulé par les deux attitudes fondamentales de la « non-directivité » et de « l’empathie ».

  1. «La non-directivité: L’essentiel est d’être centré sur « l’autre » sans toutefois mettre de la pression ou influencer l’attitude de l’autre. Attention, Être non-directif ne veut pas dire être inactif ou non-impliqué. Il s’agit plutôt de «sentir avec» l’autre, car cela est plus important que de partager une idée».

  2. «L’empathie: L’empathie est « la capacité de s’inscrire dans le monde subjectif d’autrui pour le comprendre de l’intérieur ». L’empathie, c’est ainsi « vouloir vivre le monde intérieur de l’autre comme si c’était notre monde à nous ». Cette attitude d’acceptation inconditionnelle donne une chance d’exposer pleinement son propos. Elle laisse à autrui le temps de son expression, la possibilité de « dire». Mais attention ici de ne pas tomber dans la sur-empathie qui amène à s'approprier et se nourrir des émotions de l'autre et «à lui coller les siennes», puisqu’il n’y a plus de frontières émotionnelles. Cela amène souvent à l’instrumentalisation de l’entraîné qui joue pour l’entraîneur, ses parents et sa famille et non pas pour lui. Cette sur-empathie se remarque lorsque le vocable « on » est utilisé pour discuter des personnes entraînées ou commenter une victoire. « On a gagné le match et on est prêt à performer pour le reste de la saison» alors que ce n’est pas ce « on » qui performe sur le terrain, mais les joueurs.

 

Le mécanisme de l’écoute active suit un cycle de 4 étapes que l’on répète jusqu’à ce que la compréhension du message ait été validée par l’interlocuteur:

 

  1. «Le temps de l’écoute: Lors de l’écoute, on peut afficher un « silence positif », tout en intervenant brièvement par des « oui, je comprends », pour montrer à l’interlocuteur que l’on est à l’écoute à la fois de ses arguments (le problème) et de ses sentiments (la personne)».

  2. «Le temps de la clarification: Clarifier signifie ici « comprendre le sens des mots ». Après le temps d’écoute, si l’on a des doutes sur le sens de certains mots dans la présentation de l’interlocuteur, il est possible de lui demander d’y revenir. Pour clarifier, il suffit de poser des questions telles que:

    1. « Que veux-tu dire par… » ou  » Que signifie pour toi ce terme? »

    2. « Qu’est ce que tu entends par…? »;  » Que représente pour toi…? »

    3. « Que ressens-tu exactement quand…?» 

  3. «Le temps d’investigation: Approfondir pour mieux comprendre le point de vue de l’interlocuteur. Pour ce faire, on peut utiliser essentiellement les trois formes de questions suivantes :

    1. Question ouverte: La question ouverte permet à celui qui la reçoit d’aborder le thème à sa convenance. Exemple: Peux-tu me dire en quoi consiste ta douleur ?

    2. Question de fait: Cette question aide à préciser des aspects essentiels du problème, à rassembler des informations supplémentaires. Exemple: Depuis quand tu ressens cette douleur?

    3. Question de sondage: A la différence de la question précédente, un avis ne vaut pas fait. Mais il est parfois important de connaître l’opinion de son interlocuteur».

  4. «Le temps de reformulation: La reformulation assurera l’émetteur d’avoir été écouté. Par ce retour du sens, l’émetteur aura à la fois le sentiment d’avoir été compris et pourra repartir dans son propos du point exact où il s’était interrompu. Pour l’émetteur, la reformulation est la seule preuve de l’écoute. Ceci peut contribuer à apaiser la relation lorsque la communication est difficile, car on montre à l’interlocuteur que sa demande est comprise et prise en compte».

 

La reformulation présente également les avantages suivants:

  1. Elle permet à celui qui écoute d’intérioriser ce qui a été dit, car il le redit avec ses propres mots, d’une manière personnalisée.

  2. Elle permet à chacun de mieux comprendre et mémoriser, car elle offre une répétition.

  3. Elle permet au débat d’avancer car elle constitue une synthèse partielle.

  4. Elle donne à l’autre un droit de réponse pour rectifier le tir ou nuancer.

  5. Elle amène l’autre à prendre du recul par rapport à ce qu’il dit ou ce qu’il vit.

  6. Elle permet de valoriser l’essentiel dans le propos de l’interlocuteur».

 

Afin d'améliorer sa qualité d'écoute, les techniques suivantes peuvent être utilisées:

 

«Premièrement, il ne faut pas oublier l’importance du silence comme élément indispensable à toute écoute. Ecouter veut aussi dire vivre l’expérience de l’interlocuteur, essayer de sentir ce qu’il dit et de raisonner dans le même sens. De plus, il peut être utile d’analyser la discussion « au-delà des mots », une grande partie de la communication étant de nature non-verbale (c’est-à-dire constituée d’intonations, de gestes corporels, etc.). Les éléments suivants sont des propositions pour développer une plus grande qualité d’écoute.

 

1. Un « silence positif »: Le silence comme forme de communication a des sens multiples. Le silence prend des significations différentes selon la personnalité de chacun ou les situations vécues. Ainsi le silence peut être isolément, refus de contact, inhibition ou encore protection de soi (que ce soit sans agressivité ou dans un but de provocation). Il peut aussi marquer un accord ou un désaccord avec la personne qui parle ou la tâche à effectuer. Dans le cas de l’écoute active, le silence ne doit pas constituer un déficit du contact, mais plutôt une empathie. Savoir se taire, c’est prendre le temps de « goûter » ce que nous dit l’autre pour sentir, discerner les nuances, la « couleur » de ses propos. Développer notre « sens du goût » est une attitude qui facilite une écoute plus intuitive et fine de nos interlocuteurs.


2. Le « dialogue au ralenti »: Le dialogue au ralenti est un excellent exercice pour qui veut contrôler ses réactions impulsives. Il se déroule en cinq étapes. Une fois que notre interlocuteur s’est exprimé, le dialogue au ralenti consiste à se poser intérieurement les questions suivantes :

· Répéter ce que l’autre a dit (« Il ou elle m’a dit… »): Cela semble facile mais l’expérience montre que nous avons tendance à retenir ce qui nous intéresse et à oublier ce qui nous gêne: c’est le phénomène de « l’écoute sélective » , centrée sur elle-même, qui s’oppose à l’écoute active, centrée sur l’autre. Cette étape à elle seule permet de s’entraîner à écouter avant de parler.

· Formuler son sentiment (« Mon sentiment est… »): A ce moment de l’exercice, un piège nous attend: confondre notre ressenti de la situation avec les intentions réelles de l’interlocuteur. Il est difficile de formuler son sentiment personnel: on a plutôt tendance à porter un jugement sur l’autre.

· Faire le point par rapport à son objectif (« Je me rapproche ou je m’éloigne de mon but… »): C’est l’occasion de tester la clarté et la précision de votre objectif ou, au contraire, de vous apercevoir que vous l’avez perdu de vue.

· Élaborez ce que vous voulez lui dire (« Je veux lui dire que… »): Vous avez carte blanche puisque l’autre n’entend pas. C’est l’occasion pour vous d’élaborer ce que vous voulez lui dire compte tenu de votre sentiment et de votre but. Un conseil, toutefois: faites court !

· Lui dire à haute voix ce que vous voulez lui dire (« Je lui dis… »): C’est là que les choses se jouent: dire tout haut ce que vous voulez dire tout bas. Vous constaterez souvent qu’entre ce que l’on veut dire et ce que l’on dit, quelques déformations peuvent survenir… 

 

3. Les gratifications psychologiques ou « attentions psychologiques positives »: Il est important d’offrir des signes de reconnaissance ou des marques d’attention pour faciliter l’échange, car tout être humain a besoin d’être reconnu. L’estime de soi, la considération reçue, passent par la positivité du contact avec autrui. On peut véhiculer des gratifications psychologiques dans la communication sous la forme d’attentions envers la personne, de reconnaissances verbales, de phrases vivifiantes… Ceci devrait être indépendant de l’accord sur les idées ou les projets. Ces « caresses psychologiques positives » sont de deux types:


a) Acceptation de l’autre: ces réponses affirmatives de soi comprennent :

· La reconnaissance de la personne comme faisant partie de notre monde perceptuel. Par exemple: « Je t'écoute ».

· Une réponse de support, lorsque nous exprimons de la compréhension ou toute autre tentative du même genre afin que la personne se sente mieux et encouragée. Par exemple: « Vas-y ».

· L’expression de sentiments positifs, lorsque nous partageons des sentiments positifs à propos de ce qu’une personne a fait ou dit. Par exemple: « Je suis content que tu sois dans le contingent», « Ta présence est précieuse »… 

 

b) Acceptation d’une action réalisée par autrui: c’est manifester de l’appréciation. Par exemple: « Tu t'es bien entraîné»; « Tu es bon techniquement »; « J’apprécie tes prises d'espaces ».

 

Souvent, nous écoutons non pour comprendre mais pour préparer notre défense. Nous sommes, le plus souvent, mobilisés sur ce que nous allons perdre: le pouvoir, le contrôle de la situation, l’initiative – voire, dans certains cas, tout simplement du temps. Nous sommes rarement mobilisés sur ce que nous pouvons gagner. En outre, écouter est souvent perçu comme une soumission, alors qu’il s’agit d’essayer de comprendre la manière dont l’autre personne voit les choses. On peut donc écouter sans forcément être d’accord avec l’interlocuteur, ni même approuver ses idées!»


Enfin pour finir cette présentation de l'écoute active, je vous invite à faire attention aux biais qui s'insère dans nos communications tel que «L'induction du sens » lorsque l’émetteur pose une question en ayant, au préalable, montré l’intérêt qu’il attache à une certaine réponse. Dire à quelqu’un: « je vois que tu as mal mais comme je sais que tu es dur au mal, je suis sûr que tu vas pouvoir t'entraîner à 100%» provoque une réponse obligée… L’induction du sens oriente et force la réponse, elle est un échec de la communication parce qu’en fait, elle n’apporte aucune information à celui qui la pratique. Elle peut d’ailleurs être ressentie comme une violence lorsqu’elle est répétée.

 

D’autres biais guettent la communication. La monopolisation du temps de parole ou, à l’autre extrémité, un silence obstiné, compromettent également les accords futurs. La manipulation des informations, un déficit de l’essentiel, un encombrement par des détails surajoutés, ou une inadaptation dans le choix des mots sont d’autres exemples usuels de biais dans l’échange.

 

Enfin, la communication est souvent compromise par le bruit général dans lequel s’inscrivent les échanges, et les formes abondantes de biais en sont les expressions.»


[1] Gérald Gremion, Douleurs dans la pratique sportive, in Revue médicale suisse, 29 janvier 2014. https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2014/revue-medicale-suisse-415/douleurs-dans-la-pratique-sportive

[2] Pour ce faire, chacun a sa recette comme l'expose Elisabeth Faymonville dans son article dans le journal Le Temps du 13 août 2017, «La douleur, une compagne à apprivoiser», page consultée le 01.02.2024.



 
 
 

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