Sans fixation du bassin, pas de gains d'entraînements physique et technique efficaces et efficients
- xavierblanc
- 18 mai 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 juin

Si on étire un élastique par deux bouts avec une égale tension, sans un point de fixation qui va canaliser sa direction de projection, il tombe à nos pieds lorsque l’on le lâche. Le footballeur est soumis à la même règle. Sans un point solide de fixation de ses tensions corporelles, il va être tellement tiraillé par des points de fixations corporels diffus que l’expression de son énergie mécanique dans une direction voulue va être grandement amoindrie.

Avant toute production performante de mouvement, le joueur doit donc résoudre les conflits potentiels de ses points de tension, que l’on remarque par d’incessants petits ajustements et rééquilibrages corporels. Footballistiquement, ce brouillage gestuel limite la production de sa vitesse maximale et explique sa touche du ballon de trop ainsi que nombre de ses déchets techniques.
J’observe régulièrement que les points de fixation des tensions corporelles de très nombreux joueurs se situent au niveau de leur ceinture scapulaire ou encore de leurs chevilles. Pour ce qui est de la ceinture scapulaire, cela s'explique par une pratique intensive du développé-couché, des tractions et autres appuis faciaux voire de la boxe qui visent à se sentir fort par un torse musculeux. Cela signifie que c’est « en serrant » leurs pectoraux, leurs épaules et leurs bras, que les joueurs espèrent inconsciemment mobiliser et canaliser au mieux leur énergie pour produire leurs mouvements ou (re)trouver leur stabilité. Ce type de joueur se remarque très facilement parce qu’ils surutilisent leurs bras pour se déplacer « en tirant » leur corps dans la direction voulue. Ces bras deviennent alors moteurs alors que le football leur demande d’être principalement dynamiseurs. Ainsi, il suffit de demander à ces joueurs d'inhiber leurs bras en mettant leurs mains dans le dos lors d'une accélération pour constater qu'ils arrivent très difficilement à exprimer leur vitesse. Plus rares, sont les joueurs dont le point de fixation des tensions corporelles sont les chevilles. Ils se remarquent de visu par le fait qu'ils ont des chevilles sur-développées et des fessiers sous-développés. Cette situation s'explique parce que ce sont principalement leurs pieds qui les stabilisent corporellement et conduisent leurs mouvements. Ils inhibent ainsi le rôle stabilisateur des muscles fessiers ainsi que ceux des muscles fléchisseurs et extenseurs de la hanche. Cela génère des pieds très forts, mais bloqués vu la charge et la masse qu’ils doivent supporter et gérer. Ils sont alors faiblement réactifs, ce qui réduit considérablement le dynamisme des foulées. Suite à cette brève analyse, il est clair, que dans le football, c’est le renforcement du bassin, ou de la ceinture pelvienne, qui doit être privilégié pour que le joueur soit en capacité de canaliser son énergie mécanique. Cela est dû au fait qu'il sert de pivot entre les masses corporelles du bas et du haut du corps et que le renforcer permet un meilleur rééquilibrage des masses corporelles, une résistance accrue lors des duels par ancrage solide au sol ainsi qu’une utilisation dynamisante des bras.
Le football l'a d'ailleurs bien compris en instaurant systématiquement depuis plus de 30 ans des exercices de renforcement ou de gainage du bassin. Malheureusement, malgré les efforts déployés, rares sont les joueurs avec un point de fixation bassin solide des tensions corporelles. Certainement parce que si les abdominaux droits ont été avantageusement remplacés ou complétés par des exercices de stabilisation des chaînes musculaires postérieures et antérieures, trop souvent, ces derniers ne servent pas à l’essentiel, c’est-à-dire renforcer spécifiquement en force et en réactivité les muscles stabilisateurs, ou toniques, du caisson abdominal que sont notamment le transverse, les petits obliques et les psoas [1].
Si pour certains, mes propos enfoncent des portes ouvertes, je me permets de leur poser la question... sur combien de terrain ont-ils constaté un travail de qualité, systématique et dynamique de renforcement du bassin des joueurs, alors que cela détermine grandement leur organisation corporelle et donc la qualité d’exécution de leur gestuelle footballistique ?
[1] Bernadette de Gasquet, Abdominaux, arrêtez le massacre, Editions Marabout, 2009, Olivier Pauly, Posture et gainage, Santé et performance, Editions De Boeck Supérieur, 2016, Louvain-la-Neuve, Olivier Maurelli, Bruno Parietti, Michel Pradet, Gainage pour le sportif, Editions Amphora, 2017
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