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Les yeux... les (autres) grands oubliés du football

  • Photo du rédacteur: xavierblanc
    xavierblanc
  • 20 mars 2024
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 sept.

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Dans le souci de maintenir, optimiser et développer les capacités physiques des joueurs, cette discussion a pour objet d'aborder, suite à l’intervention de Florian Lorimier dans le Mag de la RTS Changer d'optique, la santé de leur acuité visuelle en complément de celle de leurs pieds que j'ai discutée ici.

 


Audio cover
Résumé audio de NotebookLM

Si aujourd'hui, la mode est au développement des capacités neuro-perceptives des joueurs par des outils tels que le Neurotracker, il est primordial de rappeler au football quelques évidences sur son acuité visuelle. Ceci afin, d'une part, d'éviter d'utiliser des outils vains pour les 99,9 % des joueurs et, d'autre part, de ne pas mettre la charrue avant les bœufs.


Même si jouer au football consiste d'abord à «intentionner sa gestuelle footballistique » en faisant appel à son instinct, ses sensations, ses référentiels tactiques et ses affinités, il est entendu ensuite que plus les capacités cognitives d'un joueur seront performantes, plus il sera susceptible de jouer vite et bien, c'est-à-dire de résoudre en toute capacité cognitive la situation footballistique que le jeu lui propose.


Or pour que ces capacités cognitives puissent pleinement remplir leur rôle dans la réception, le traitement et la transmission des décisions, elles doivent être alimentées par des informations précises sur le contexte du jeu dans lequel le joueur évolue et comment lui-même se situe dans cet espace. La qualité de ces informations devient donc primordiale car elle conditionne la qualité du traitement d'information du joueur. C'est là que l'acuité visuelle entre en jeu. Dans sa définition habituelle, elle correspond à « la capacité de discerner un objet le plus loin possible ».


Selon une perspective posturale, les yeux sont des capteurs d'informations afférentes qui alimentent le cerveau afin qu'il puisse continuellement, par des informations efférentes, rééquilibrer corporellement le joueur et le projeter dans l'espace voulu. Il devient alors très facile de comprendre que plus les capteurs visuels d'un joueur sont en santé, plus il sera en capacité de capter, ou de scanner, correctement la situation footballistique qu'il est en train de vivre et donc de s'y mouvoir d'à-propos.


La santé des capteurs visuels est précisément le domaine d'intervention de l'orthoptie, ou gymnastique oculaire [1]. Les exercices correspondants peuvent être intégrés aux entraînements physiques des footballeurs sans nécessiter de coûts financiers supplémentaires. Cette gymnastique oculaire présente un intérêt footballistique certain en améliorant la qualité des coordinations œil-pied de tous les joueurs, ainsi que la coordination œil-main des gardiens.

 

De mon point de vue, cette approche est particulièrement utile pour améliorer la pertinence, l'efficacité et l'efficience, donc la performance, des capacités réactives des joueurs. Son utilité est même décisive dans les situations où la rapidité d'action est primordiale. Cela concerne donc tout particulièrement les attaquants et les gardiens qui sont confrontés la plupart du temps à des actions que leur traitement cognitif n'arrive pas à traiter faute de temps sachant qu'il nécessite quelque 0,25s selon Frans Bosch [2].


Grâce à cette gymnastique oculaire, les joueurs discrimineront plus rapidement et plus précisément leur espace de jeu en termes de netteté, de profondeur, de couleur et de luminosité. Cela concerne tous les éléments du jeu, soit les adversaires, la qualité du terrain, les coéquipiers, les buts, les lignes, le ballon et l'arbitre. Cette amélioration de la perception visuelle leur permettra d'avoir les bonnes informations pour traiter la situation. Si cette condition performative est remplie, de fait les joueurs seront, sans plus d'efforts, plus décisifs et incisifs pour faire la différence sur le terrain.


Concrètement, l'orthoptie vise à ;

· améliorer la capacité des yeux à travailler ensemble par des exercices de coordination des 6 muscles oculomoteurs pour une vision claire et précise. Une technique courante consiste à fixer un objet proche, comme son nez, puis à diriger son regard vers un objet plus éloigné.

· relaxer et à détendre les muscles oculaires par du yoga des yeux qui aide à soulager la tension et à favoriser une meilleure circulation sanguine autour des yeux. Ces exercices consistent à effectuer des cercles avec les yeux en suivant les aiguilles d'une montre ou encore d'adopter la méthode Bates.

· renforcer les muscles oculaires responsables de la mise au point de la vision à différentes distances par des exercices de convergence et de divergence. En pratiquant régulièrement ces exercices, on améliore sa capacité à passer d’une vision de près à une vision de loin.

· améliorer la vision de près et la capacité de ses yeux à s’adapter à différents niveaux de luminosité par des exercices de renforcement de l’accommodation de la vision. Ces exercices sont particulièrement utiles pour les joueurs qui portent des lentilles de contact.


Les exercices ci-dessous, tirés du site opticduroc, que pour ma part j'intègre dans les exercices de rééquilibrage corporel, sont à effectuer le plus régulièrement possible, soit plusieurs fois par semaine, pour une durée de l'ordre de 5 à 10mn.


Paume :

1. Frotter vigoureusement ses mains ensemble pendant quelques secondes pour les réchauffer.

2. Fermer délicatement les yeux sans forcer.

3. Placer la paume de chaque main sur la pommette correspondante, sans appuyer sur les yeux.

4. Maintenir les mains en position et respirer profondément et lentement durant cinq minutes pour détendre les muscles des yeux.

 

Clignotement conscient : 

1. S'asseoir confortablement et se détendre.

2. Fermer doucement les yeux sans les serrer.

3. Faire une pause de deux secondes.

4. Rouvrir les yeux et serrer légèrement les paupières pour stimuler les glandes sébacées.

5. Répéter cet exercice plusieurs fois par jour, en particulier lors de l'utilisation d'appareils numériques.

 

Pression au crayon :

1. S'assoir et se tenir debout avec une posture droite.

2. Tenir un crayon à bout de bras avec sa meilleure correction de vision de près.

3. Se concentrer sur sa pointe.

4. Déplacer lentement le crayon vers son nez en gardant la pointe nette et ciblée.

5. Une fois que l’image a doublé, éloigner le crayon de ses yeux.

6. Répéter cet exercice 5 à 10 fois.

 

Mise au point rapprochée et éloignée : 

1. S'assoir ou se tenir debout avec une posture droite.

2. Tenir son pouce à 25 centimètres de son visage et se concentrer pendant 15 secondes.

3. Déplacer son regard vers une cible à 6 mètres et maintenir sa concentration durant 15 secondes.

4. Revenir à son pouce et répéter cet exercice 5 à 10 fois.


Huit imaginaire : 

1. S'assoir ou se tenir debout avec une posture droite.

2. Choisir un point au sol à 3 mètres de soi.

3. Tracer un huit imaginaire avec ses yeux pendant 30 secondes, en suivant le tracé avec les yeux seulement, sans bouger la tête.

4. Changer de direction et répéter l’exercice pendant 30 secondes supplémentaires.

 

Règle des 20-20-20 : 

1. Installer un rappel ou une alarme sonnant toutes les 20 minutes lorsque, par exemple, on est au travail.

2. Lorsque l’alarme sonne, regarder une cible à 6 mètres de distance.

3. Maintenir son regard sur la cible pendant 20 secondes.

4. Retourner à son activité de proximité après la pause de 20 secondes.


1. Attacher une boucle à chaque extrémité d'une corde et la fixer à une poignée de porte.

2. Positionner trois perles sur la corde en les espaçant comme suit : la perle la plus éloignée près de la poignée de porte, la perle du milieu à environ 1 à 1,5 mètre de soi et la perle la plus proche à 15 centimètres de son nez.

3. Tenir la corde tendue directement sous son nez en la fixant avec sa main libre.

4. Pour entraîner ses yeux au suivi, à l’alignement et à la mise au point, déplacer lentement son regard d’une perle à l’autre, en gardant les yeux convergents et focalisés sur chaque perle pendant 5 secondes.

5. Répéter la séquence d’exercices plusieurs fois.

 

Carte cylindrique :

1. S'assoir ou se tenir debout avec une posture droite.

2. Tenir une carte cylindrique parallèle à son nez avec les cercles alignés horizontalement et les cercles les plus grands les plus éloignés du nez.

3. Fermer chaque œil et ajuster la carte si nécessaire pour s'assurer que chaque œil voit la même quantité de carte et qu’il n’y a pas d’inclinaison.

4. Ouvrir les deux yeux et concentrer ses yeux sur les cercles les plus éloignés de soi pour les faire se chevaucher, produisant un seul cercle rouge-vert.

5. Après 5 secondes, déplacer son regard vers le cercle du milieu, puis vers le plus petit cercle le plus proche.

6. Détendre ses yeux et travailler jusqu’à terminer 10 cycles, en maintenant pendant 10 secondes sur chacun des trois cercles. Durant l’exercice, il est normal que les cercles sur lesquels on ne se concentre pas apparaissent en double


 [1] Marie-France Clenet, Christiane Hervault, Guide de l'orthoptie, Editeur Elsevier Masson, 2013. Aldous Huxley, L'Art de voir. Lire sans lunettes grâce à la méthode Bates, Payot, 2004 Nicolas Meyer, Le grand livre de la posturologie, Editions Eyrolles, juin 2016.

Alain Scheibel, Françoise Zamfirescu, Pierre-Marie Gagey, Philippe Villeneuve, Pratiques en posturologie, Editions Elsevier Masson, 2017. Gérard Vallier, Traité de posturologie, clinique et thérapeutique, Editions Posturopole, 2014.

 
 
 

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