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Entraîner la réactivité à J-1… l’envers du bon-sens footballistique

  • Photo du rédacteur: xavierblanc
    xavierblanc
  • 23 avr.
  • 15 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 sept.

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Ce texte vise à démontrer pourquoi les activations réactives à J-1 nuisent à la performance du lendemain, et pourquoi il est plus judicieux d’entraîner la réactivité comme une qualité physique footballistique à part entière. Pour ce faire, en introduction j’appréhender la réactivité footballistique comme un élément devenu clé de la performativité des joueurs.



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Résumé audio de NotebookLM

Cette réactivité participe à saisir, avant l’adversité, les décalages spatiaux et temporels que les animations des jeux en transition, en attaques placées ou encore en pressing et contre-pressing cherchent à créer ou à annihiler pour faire des différences gagnantes. Vu les évolutions rythmiques de ces animations, de plus en plus saccadées en intensité, en durée et en densité répétitive, elle est désormais cruciale pour profiter des opportunités de jeu. Autrement dit, du point de vue du physique footballistique, d’avoir la mainmise sur le jeu et son évolution rythmique lors d’un match.


Bien conscient de tout temps de son importance, le football prend hebdomadairement soin de cette réactivité. Ainsi, dans le monde entier, il est dans l’ordre des choses footballistiques d’effectuer une séquence de réactivité à J-1, voire le matin des matchs. Supposément par biais de conformité, les préparateurs physiques footballistiques (ci-après PPF) la proposent désormais systématiquement au sortir des vestiaires pour débuter la seconde mi-temps. Par ces activations, l’idée est de (re)mettre les joueurs en mode compétition par rappel de leurs sensations réactives footballistiques.


Vu son importance de plus en plus prégnante, consubstantielle et critique pour performer physiquement, cette réactivité mérite d’être upgradée, selon le principe de cohérence, en une capacité physique en tant que telle. Cela implique d’élever qualitativement et d’étendre quantitativement sa fulgurance. Mais pour qu’elle dépasse de simples stimulations d’éveil neuromusculaire, les questions qui se posent sont alors de savoir en quoi, comment et quand l’entraîner ?


Pour répondre à ces questions, cet écrit cherche en premier lieu à comprendre ce que cette qualité de réactivité footballistique recouvre. Ceci, afin de mettre en lumière, dans un second temps, ses éléments constitutifs à stimuler lors des microcycles d’entraînement.


La réactivité footballistique

Il est possible que certains pensent que la vraie problématique d’un match n’est pas d’être réactif, mais plutôt d’être actif. Cependant, ce faisant, ils oublient l’impossibilité pour une équipe de tenir activement le jeu tout au long d’un match.


Cette difficulté tient aux incertitudes situationnelles que le jeu crée par ses complexités tactiques, techniques, motrices et énergétiques footballistiques. Ces incertitudes excluent la domination totale d’une équipe sur une autre, ce qui explique qu’un match se module en Momentum forts et faibles pour chaque équipe en confrontation. Dans une perspective physique, on peut appréhender les systèmes de jeu comme l’organisation optimisée des forces et des faiblesses d’une équipe, en visant tactiquement à réduire les incertitudes de cette complexité footballistique.


Mais, fort heureusement, cette réduction n’est pas indéfiniment réductible, dans le sens où elle est limitée par les caractéristiques créatives, ludiques et émotionnelles du football. Si ces attributs ne fondaient pas le football, nous aurions affaire à un football de plus en plus standardisé, et même robotisé, par les datas et leur traitement par des IA génératives. Ils en font même tout le charme et le sel, en offrant des situations de jeu qui, bien négociées, débouchent sur des actions gagnantes, mais à la condition que les joueurs soient activement réactifs pour les exploiter.


Je définis alors la réactivité footballistique comme « la capacité à percevoir un stimulus (visuel, auditif ou proprioceptif) et à produire fulguramment une réponse motrice pertinente, efficace et efficiente dans le laps de temps que les situations du jeu imposent et/ou proposent ». La production de cette réactivité footballistique implique à la fois :


  • une prise d'information rapide et pertinente ;

  • un traitement cognitif efficace ;

  • une réponse motrice immédiate, coordonnée et spécifique.


La rapidité et la pertinence d’une prise d’information, ainsi que l’efficacité de son traitement cognitif, s’entraînent de façon intégrée par et lors des jeux technico-tactiques. Pour des raisons strictement mercantiles, des outils d’amélioration des capacités perceptivo-cognitives fleurissent. Leur succès consiste dans leur capacité à faire croire, à ceux qui veulent bien les croire, qu’ils faciliteront la concrétisation des rêves de succès en dotant les joueurs des capacités nécessaires pour jouer au plus haut niveau. Or, d’une part, ils sont inutiles pour la très grande majorité des joueurs, surtout ceux en formation, puisqu’ils redondent avec l’apprentissage technico-tactique footballistique, et, d’autre part, la performativité de ces outils est telle qu’elle les rend utiles uniquement pour les meilleurs joueurs mondiaux.


Par ailleurs, il s’agit définitivement d’accepter que le football n’est pas qu’une affaire cognitive. En effet, le temps des romantiques, où les seuls talents technico-tactiques des joueurs suffisaient pour faire la différence en pensant avant, est derrière nous. Aujourd’hui, pour être compétitif, il ne s’agit plus d’opposer ou de faire le choix entre cognitif et physique, mais de comprendre qu’ils doivent se renforcer et s’alimenter mutuellement, l’un l’autre, parce qu’en interdépendance systémique.


Il s’agit aussi d’être conscient que la vitesse de l’animation actuelle du jeu restreint considérablement, déjà, tout traitement de l’information, parce qu’il prend trop de temps, soit quelque 0,25 s [1], pour répondre adéquatement aux situations de plus en plus soudaines et erratiques que le football propose. L’origine du déclenchement d’une gestuelle footballistique est de moins en moins de nature décisionnelle, mais est de plus en plus réactive, et même réflexive [2]. Elle s’appuie sur les sensations, les perceptions, les complicités, les affects et des routines de jeu inlassablement répétées.


Pour circonscrire le domaine d’intervention de la réactivité, qui appartient aux PPFs, je tiens constants ces éléments cognitifs pour m’intéresser à ses seuls aspects physiologiques. Sur ce plan, la réactivité mobilise des processus neuromusculaires, incluant les circuits sensorimoteurs, la vitesse de conduction nerveuse, ainsi que la capacité de recrutement rapide des unités motrices. Selon ce descriptif, la réactivité est une composante de la vitesse footballistique.


La réactivité comme qualité physique à entraîner

Au vu de ce qui précède, la réactivité est beaucoup plus qu’un simple produit de la vigilance ou de l’éveil. Je l’appréhende alors, en tant que PPF, comme «une réponse motrice au jeu, dont le niveau de performativité, ou sa fulgurance, s’évalue en fonction de sa pertinence, de son efficacité et de son efficience ». Au niveau métabolique, elle suit les mêmes principes d’entraînement que les autres qualités physiques : surcharge, spécificité, progressivité et récupération. Elle peut donc être améliorée par une planification structurée et une programmation cohérente de ses stimuli.


Toutefois, il s’agit d’être, tautologiquement, conscient que sa nature réactive rend le degré de sa mobilisation réactive fortement sensible aux influences internes et externes. J’identifie, parmi les influences externes : la dynamique d’équipe, l’état de réactivité des sols des terrains, le niveau d’humidité et la température ambiante, les encouragements du public, l’alignement de toutes les parties prenantes d’un club sur les mêmes objectifs, les enjeux sportifs du match… Pour les influences internes, j’identifie : les niveaux d’alacrité, de biotenségrité, la santé du système proprioceptif, la sérénité, et l’état de la motivation intrinsèque. Ces influences sont tellement déterminantes qu’elles régissent en grande partie le niveau réactif des joueurs.


En termes de coût-bénéfice, un investissement dans l’entraînement physique de la réactivité footballistique a pour but « d’en faire un petit peu plus dans un premier temps pour en faire beaucoup moins dans un second temps ». Par une réactivité plus fulgurante, les joueurs passeront, conduiront et frapperont le ballon, le récupéreront, couperont les lignes de passes, prendront les espaces… « Avant ». La répétition de cet « Avant » dicte l’intensité du rythme du match dans le sens où les joueurs préserveront leur énergie en ne courant plus derrière le ballon et en réduisant tout effort correctif à sa portion congrue, en annihilant les actions de rupture de l’adversaire dès leur origine « en les tuant dans l’œuf ».


De plus, si on couple, pour la durée d’un match, cet « Avant » avec une haute qualité technico-tactique de passe, l’équipe aura systématiquement le temps d’avance qui fera courir son adversaire dans le vide. En d’autres termes, ce dernier devra en faire physiquement plus… pour juste rester dans le match. Cela va inévitablement l’épuiser et le faire craquer physiquement avant l’équipe qu’il affronte.


Pour tenir avec consistance cet « Avant », il s’entraîne métaboliquement par les développements de la capacité et la puissance de la filière anaérobie alactique, qui se concrétisent par la répétition de séquences de déplacement d’accélération à vitesse maximale sur 20 m, comme les intermittents Repeat Sprint Ability nous y invitent [3].


Quelques considérations sur l’entraînement de la réactivité footballistique

Le fait de la considérer comme une capacité physique l’exclut de toute stimulation à J-1. En effet, par la fatigue nerveuse qu’elle engendre, les joueurs n’auront pas la durée suffisante de récupération pour la retrouver le lendemain au même ou à un plus haut niveau. Plus grave, cette dépense neuro-musculaire abaisse le niveau de réactivité des joueurs pour le match.  


Si on me rétorque que ces stimulations gardent leur qualité d’éveil si on modère leur quantité répétitive, je réponds alors qu’elles ne stimulent pas la réactivité des joueurs et donc qu’elles ne servent à rien pour le match à venir. Dans cette logique, si une équipe décide d’investir du temps pour améliorer sa réactivité, elle doit la stimuler par l’entraînement durant toute la semaine, puis la laisser au repos à J-1 pour en profiter pleinement le jour du match. Dans cette réflexion, si une stimulation réactive des joueurs se révèle néanmoins nécessaire à J-1 ou J-0 pour réveiller une équipe, cela signifie surtout qu’elle est en situation de burn-in.


L’objet d’une stimulation réactive à J-1 est notamment de tonifier les joueurs. Techniquement, cela signifie élever le niveau de prétension neuro-musculaire qui conditionne la rapidité du déclenchement de chaque mouvement que l’on nomme, le « slack musculaire ». Si cela s’inscrit dans le sillon des idées des tenants du minimum d’étirements pour supposément optimiser la vitesse footballistique, cela a le désavantage de surtonifier les joueurs.


Dans l’absolu, une tonification musculaire se défend théoriquement si les joueurs étaient trop laxes et/ou flaccides. Or si on contextualise footballistiquement la problématique, sa biomécanique surtend déjà exagérément les chaînes musculaires, dont surtout la postérieure, ce qui provoque, et donc explique, les blessures récurrentes des ischios. Il en résulte une intensification du recrutement spatio-temporel des fibres musculaires par tension concentrique de contraction de fibres musculaires déjà fortement contractées. Plus simplement écrit, on cherche à tendre ce qui est déjà exagérément tendu. Cela a notamment le grand inconvénient de provoquer réflexivement des co-contractions impromptues et inappropriées qui brouillent la production qualitative de la gestuelle des joueurs.


Une réactivité implique, par son intensité d’exécution maximale, la disponibilité d’une haute énergie mécanique. Si elle provient de l’énergie chimique découlant de son énergie vitale, elle se génère aussi par l’étirement musculaire. En effet, en référence à la notion de la compliance musculaire, un muscle étirable, à l’exemple d’un élastique, génère plus d’énergie contractile qu’un muscle contracté. On peut me rétorquer alors que plus la section musculaire est grosse, ou que l’élastique est large et épais, plus il développe de la tension de contraction. Oui, mais dans ce cas, on réduit le niveau de biotenségrité des joueurs, ce qui nuit à leurs déploiements spatial et temporel par un manque d’amplitude projective à cause d’importantes limitations angulo-musculo-articulaires.


Je n’oublie pas ici d’évoquer les émotions qui transpercent perpétuellement les joueurs [4]. Un joueur bien heureux, donc en santé, sera moins sensible, donc moins viscéralement exposé, aux tops et downs du football. Arsène Wenger dénomme cette sérénité, ou la capacité de gérer ses émotions dans et hors des matchs, comme de « l’endurance mentale ». Il la considère comme une compétence clé pour réussir une carrière. Je traduis cette endurance mentale comme la capacité d’absorber sans distress chronique les succès et les échecs personnels, individuels et d’équipe. Son absence explique des comportements suréactifs, donc inappropriés, des joueurs.


Dans cet ordre de pensée, la réactivité est peut-être la qualité physique qui nous est la plus innée. Elle est fortement déterminée par l’état de notre système nerveux et les innervations musculaires qui nous sont données génétiquement. Mais elle est aussi liée « à la tempérance de notre tempérament », qui explique que deux joueurs appréhendent la même situation selon un continuum qui va du flegme approprié à une irritabilité excessive. Il revient aux joueurs d’apprendre à moduler leur tempérament en fonction des aléas footballistiques pour en faire un avantage compétitif.


Cela n’est pas si facile parce que c’est une bataille d’entre-soi constante, puisque le jeu, par ses contacts plus ou moins brutaux, péjore l’homéostasie nerveuse des joueurs en surmobilisant leur système sympathique. Comme ce surplus se résorbe par un système parasympathique à niveau, cela demande que l’on en prenne bien soi par l’activation du nerf vague qui est en quelque sorte « son bras armé » [5]. Sinon, les inflammations physiques et l’adrénaline résiduelle des matchs mettront plus longtemps à se résorber. Plus grave, si un cumul s’installe à cause d’une régénération nerveuse incomplète, le joueur deviendra progressivement chroniquement réactivement plus irritable.


L’entraînement de la spécificité, de l’immédiateté, de la coordination des réponses motrices.

Le critère de la pertinence, dont découle le principe de la spécificité, implique qu’une qualité physique s’entraîne d’abord qualitativement par elle-même. Pour ce faire, un développement de la réactivité demande au préalable de son entraînement un bon état de fraîcheur ou un haut niveau d’alacrité qui s’évalue par un simple test de détende Sargent. Sans cela, les niveaux d’intensité réactifs ne seront pas suffisants pour vraiment la développer.


L’existence d’une réactivité, donc de sa capacité d’entraînement, dépend alors obligatoirement d’une bonne gestion énergétique des charges d’entraînement. Pour ce faire, je propose ici d’appliquer le principe de « surcompensation modérée constante ». De plus, il s’agit de mobiliser toutes les mesures de récupération-régénération qui réservent l’état d’alacrité des joueurs. Cet état de fraicheur conditionne tellement leur niveau de réactivité qu’il suffit, sans stimulations motrices spécifiques, pour que son équipe soit réactive par « un cœur à l’ouvrage » qui n’est qualitativement et quantitativement pas pris en défaut.


Pour ma part, je comprends sa caractéristique d’immédiateté comme l’obligation que le joueur soit en lien direct avec le jeu pour en être partie prenante. Le sport de compétition demande par définition d’être « dedans » l’activité. Ce« dedans » exige que l’esprit et le corps des joueurs soient totalement concernés par le jeu, puisqu’ils en sont une partie. Cela se constate lorsqu’ils nous informent qu’ils ont été hermétiques lors d’un match à toutes les influences et les pressions extérieures, mais surtout qu’ils ne se sont pas regardés jouer en réfléchissant à la qualité de leur jeu tout en y jouant. Ils ne se posent plus alors la question du comment ils doivent jouer, puisqu’ils sont le jeu. Ils jouent tout simplement. Cette capacité à vivre son football en étant dedans la compétition, soit dans l’instant présent sans intermédiaire, explique que certains joueurs brillent à l’entraînement, mais pas en match.


L’origine de cette capacité à être « dedans » reste toutefois bien mystérieuse. Par observation empirique, les éléments qui modulent ce « dedans » ou ce « dehors » proviennent des motivations et des personnalités des joueurs, mais surtout de la capacité à se (re)lâcher dans le jeu. Autrement dit, de jouer son jeu sans le surjouer, c’est-à-dire de faire plus que ce que les qualités du joueur lui permettent. L’idée n’est pas de mieux jouer en faisant autrement et mieux, mais de très bien faire ce que le joueur sait faire. Cela fonde la confiance nécessaire, ou la capacité de se fier à soi-même, pour produire du bon et du beau jeu. Cette confiance peut aussi provenir d’un environnement sécurisant, aimant, respectueux, d’une bonne estime de soi, du désir de réussir, d’un apprentissage footballistique consistant qui développe progressivement les compétences de savoir-faire et d’être footballistiques ou encore du désir égotique de (dé)montrer à la face du monde son talent footballistique.


L’immédiateté d’une action, d’une décision, d’un choix et d’une intention dépend in fine de la qualité de l’information qui les alimente et donc les constitue pour aller dans le bon sens avec bon sens. Cette qualité est modulée par sa transcription objective de la réalité de la situation. Cela demande que ses capteurs d'information soient en bon état, tout comme son processus de traitement ainsi que son système proprioceptif. Si l’intensité du jeu éloigne une gestion consciente du jeu, la captation de l’information s’effectue par l’écoute des sensations de ses mouvements [6] captées par notre système proprioceptif. En conséquence, un joueur qui se veut plus réactif doit prendre soin et même développer ce dernier.


On est très loin des propositions de stimulations réactives par LED, slapsticks, balles rebondissantes ou autres appareillages. Ils ne servent donc pas à grand-chose, surtout si on réfléchit au fait que, si leur but est que les joueurs soient plus réactifs par de meilleures connexions neuromusculaires, ou immédiates, elles sont complètement déconnectées fonctionnellement du football. Attention, mon propos ne consiste pas à énoncer que ces exercices ne stimulent pas l’immédiateté de la réactivité motrice, mais que leurs stimuli ne sont pas footballistiques parce qu’ils ne se prolongent pas en gestuelles footballistiques.


Dans ce contexte, la coordination susceptible d’engendrer une réactivité plus fulgurante se définit comme « l’ordonnancement limpide des activités des unités motrices concernées ». Cette limpidité est régie par la fluidité, qui est elle-même conditionnée par une harmonisation de la gestuelle footballistique. Cette harmonisation consiste à gommer des blocages biomécaniques dus à des déséquilibres musculaires ou des limitations de mobilité articulo-musculaires. Dans cette perspective, une harmonisation corporelle globale engendre plus de fluidité locale en ouvrant des chemins neurologiques et des schémas moteurs plus simples, soit plus directs ou immédiats, pour effectuer la gestuelle footballistique désirée ou imposée par le jeu.


Cette harmonisation a comme fondement une biotenségrité concordante avec la gestuelle footballistique et ses conditions d’expression. Je fais référence ici au niveau de réactivité des sols, ou du renvoi énergétique des appuis podaux, à une sérénité émotionnelle qui évite aux joueurs de se crisper, de se bloquer ou de serrer et d’enfermer leur énergie mécanique, ce qui les amène à forcer leurs mouvements. Ce forçage ralentit l’exécution gestuelle et produit des gestes parasites au jeu, ce qui va entraîner un gaspillage énergétique, donc péjorer l’alacrité et, par effet domino, les capacités réactives des joueurs.


Cette harmonisation vise aussi à ce que le cerveau puisse faire ses choix moteurs avec le minimum de contraintes. En seulement 3 millions d’années d’évolution, le système musculo-articulaire des humains offre, par ses attributs polyarticulaires, de multiples possibilités, ou chemins moteurs, pour réaliser le mouvement voulu. Cette redondance est fonction du degré de liberté (DDL) de ce système. Plus ce DDL est élevé, plus un joueur doit choisir entre plusieurs mouvements pour sélectionner celui qui lui semble le plus approprié à la situation. Moins il est élevé, plus on peut supposer que c’est le corps qui va déterminer ce choix par ses restrictions angulaires. L’un et l’autre ont leur avantage. En effet, plus il y a de choix, plus cela demande du temps pour choisir le mouvement voulu, imposé ou désiré. Moins il y a de choix, plus la décision sera immédiate. Par contre, le geste produit ne sera possiblement pas le plus approprié pour répondre adéquatement à la situation que le jeu souhaite.


Même grandement déterministes, ces éléments restrictifs n’excluent pas une amélioration de la fluidité des joueurs par une progression qualitative de leur coordination. Pour ce faire, j’emploie les outils des écoles de la vitesse footballistique, du développement intermusculaire de la montée de la puissance musculaire, des étirements ainsi que d’un gainage en X. Le but de ce dispositif est que les joueurs puissent plus facilement réactivement s’amplifier, se projeter et varier leurs mouvements.


Le micro-cycle de l’entraînement de la réactivité footballistique

Toutes ces explications et ces argumentations sont bien belles. Mais pour qu’elles soient lisibles opérationnellement, elles demandent qu’on les planifie. Voici donc un exemple d’un micro-cycle d’un joueur (semi)professionnel ou qui s’entraîne de 4 à 5 fois par semaine.


Samedi (J)

-  Se réveiller sans réveil entre 7h00 et 8h00 du matin

-  Promenade calme au calme

-  Routine préparation Match

-  Match

-  Retour au calme selon routines personnelles avec respirations profondes 365 (3 fois par jour, 6 respirations par minute, pendant 5 minutes)

 

Dimanche (J-6)

-  Grasse matinée

-  Recouvrement des réserves glucidiques et hydriques

-  Mesures actives de régénération

o Activités sociales

o 1h30 de sieste (1 cycle complet)

o Respirations profondes 365

o Balade loisir à vélo ou à la marche

- Routine personnelle du sommeil (9h de sommeil)

 

Lundi (J-5)

- Se réveiller sans réveil entre 7h00 et 8h00 du matin

- Recouvrement des réserves glucidiques

- Sieste 30mn (3h au plus tard avant l’entraînement)

- Debrief individuel et d’équipe du match précédent avec fixation des objectifs individuels et collectifs d’entraînement de la semaine pour la préparation du match suivant

-  Mesures actives de régénération terrain

o 20mn-25mn de footing à 40% VMA entrecoupé d’accélération de tempo avec légère

dette d’oxygène (léger essoufflement) pour résorber les déchets métaboliques. Cela

donne 10mn de course continue puis 1mn à VMA 80%, puis 5mn à VMA 40% puis 1mn

à VMA 80% puis 5mn à VMA 40%.

o Etirements doux soit des séquences de stretching de 60s tenues à la tension

o 6x à 8x accélérations de 20m à 80% soit en décontraction

- Retour au calme par respirations profondes 365

- Routine personnelle du sommeil (9h de sommeil)

 

Mardi (J-4)

- Se réveiller sans réveil entre 7h00 et 8h00 du matin

- Recouvrement des réserves glucidiques

- Sieste 30mn (3h au plus tard avant l’entraînement)

- Activation réactives en fin d’échauffement par 6 à 8 accélérations maximales sur 20m

- Activation dans les jeux de mobilisation en capacité et puissance de la filière anaérobique alactique

- Retour au calme par 2 tours de terrain à 40% VMA puis étirements doux soit des séquences de 60s d’étirement tenues à la tension

- Routine personnelle du sommeil (9h de sommeil)

 

Mercredi (J-3)

- Se réveiller sans réveil entre 7h00 et 8h00 du matin

- Sieste 30mn (3h au plus tard avant l’entraînement)

- Activation réactives en fin d’échauffement par des accélérations maximales sur 6x20m

- Activation dans les jeux de mobilisation de la filière anaérobie alactique ou séance spécifique de RSA

- Retour au calme par 2 tours de terrain à 40% VMA puis étirements doux soit des séquences de 60s d’étirement tenues à la tension

-  Routine personnelle du sommeil (9h de sommeil)

 

Jeudi (J-2)

-  Se réveiller sans réveil entre 7h00 et 8h00 du matin

-  Mesures actives de régénération

o Activités sociales

o 30mn ou 1h30 de sieste (1 cycle complet)

o Retour au calme par respirations profondes 365

-  Routine personnelle du sommeil (9h de sommeil)

 

Vendredi (J-1)

-  Se réveiller sans réveil entre 7h00 et 8h00 du matin

-  Séance de yoga doux

-  Sieste 30mn (3h au plus tard avant l’entraînement)

-  Activation en fin d’échauffement et dans les jeux

- Retour au calme par 2 tours de terrain à 40% VMA puis étirements doux soit des séquences de 60s d’étirement tenues à la tension

-  Routine personnelle du sommeil (9h de sommeil)

 

Samedi (J)

-  Se réveiller sans réveil entre 7h00 et 8h00 du matin

-  Promenade calme au calme

-  Routine préparation Match

-  Match

-  Retour au calme selon routines personnelles avec respirations profondes 365


Cette proposition semble lourde en terme de charge mentale, sauf si elle devient une habitude ou un style de vie footballistique.


[1] Frans Bosch, Anatomie de l'agilité, Frans Bosch & Physiques Performance Editions, 2023 et Frans Bosch, Préparation physique, une approche intégrée de l'entraînement de force et de coordination, Editions Physiques performances, Lyon, 2018.

[2] Lire à ce propose la thèse de doctorat de Julie Bastière qui explore la validité de la causalité entre les réflexes archaïques et la performance footballistique.D. Bishop, O. Girard, [3] A. Mendez-Villanueva, Repeated-Sprint Ability – Part I, Factors Contributing to Fatigue, Sports Med 2011; 41 (8): 673-694. D. Bishop, O. Girard, A. Mendez-Villanueva, (2011). Repeated Sprint Ability- Part II. Recommandations for Training. Sports Med; 41 (9) 2011 p. 60.

[4] Collectif sous la direction de David Sander et Klaus R. Scherer, Traité de psychologie des émotions, Editions Dunod, 2009.

[5] Navaz Habib, Activez votre nerf vague, Thierry Souccar Editions, Vergèze, 2020.

[6] Alain Berthoz, Le sens du mouvement, Editions Odile Jacob, 2013.




 
 
 

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