Lors d’une préparation, a fortiori d’une réathlétisation, n’oublions pas de réactiver la réactivité physique footballistique des joueurs
- xavierblanc

- 25 nov.
- 4 min de lecture

Dans le football, la performance physique et le maintien de l’intégrité corporelle des joueurs reposent notamment sur l’activation de la réactivité, entendue ici comme « l’aptitude à percevoir un stimulus et à produire le plus rapidement possible une réponse motrice rapide, précise et adaptée ». Si rien ne remplace les intensités du match, la fonction de la préparation physique footballistique est de préparer le corps à toutes les sollicitations auxquelles il sera exposé en compétition. Sans ce travail préparatif, le joueur, ou plutôt sa réflexivité, risque d’être « surpris, c’est-à-dire en incapacité potentielle de gérer un déséquilibre corporel de jeu » par des stimuli ou des charges neuromusculaires auxquels son entraînement ne l’a pas préparé à assumer, autres que par les jeux, ce qui fragilise la tenue dynamique de son équilibre postural.

Or, ce travail préparatoire devient incontournable lors d’une réathlétisation. Plus particulièrement pour les joueurs à profil vitesse, dont la performance physique dépend directement de la qualité et de la rapidité des appuis podaux, de leur disponibilité neuromusculaire ainsi que par l’aptitude à enchaîner des actions explosives imprévisibles. Plus encore, il est essentiel pour les joueurs qui mixent profil vitesse et puissance. Autrement dit, les joueurs à la morphologie musculeuse, pour qui les exigences d’ajustements moteurs rapides sont accrues du fait d’une masse musculaire plus importante à mobiliser et à canaliser pour perpétuellement retrouver son équilibre. Chez ces joueurs, la moindre altération de la réactivité entraîne un risque biomécanique supérieur de déséquilibration pouvant même causer des chutes blessant généralement leur ceinture scapulaire par, notamment, des luxations d’épaules, des entorses acromio-claviculaires et des élongations/déchirements de la coiffe des rotateurs ou encore des muscles pectoraux.
La réactivité footballistique est une capacité sensorimotrice complexe qu’il s’agit d’entraîner
La réactivité footballistique ne se limite pas à une simple vitesse de réaction. Elle mobilise une intégration rapide de signaux visuels, proprioceptifs et tactiques, suivie d’un ajustement moteur instantané. Cette complexité explique pourquoi elle ne peut pas être laissée au hasard ou à une fonction réparatrice du jeu. Elle mérite d’être spécifiquement entraînée.
La proprioception, soit « la perception de la position du corps dans l’espace », constitue le socle de la réactivité. À ce titre, les exercices de retour à l’équilibre, de contrôle postural et de dissociation segmentaire améliorent :
- la précision des appuis,
- la stabilité dynamique,
- la vitesse d’ajustement moteur,
- la capacité à limiter les co-contractions inutiles.
Ces effets sont observés aussi bien dans les programmes de préparation que dans les protocoles de réathlétisation [1]. Les bénéfices sont clairs, à savoir un meilleur retour à l’équilibre générant une meilleure agilité, une diminution des risques d’entorses et de chute, une amélioration des changements de direction par une plus grande disponibilité motrice.
Lors d’une blessure, l’immobilité relative entraîne une diminution rapide de la proprioception et une altération des schémas neuromoteurs réactifs des matchs. Lors de son retour à la compétition, le joueur passe alors d’un environnement pauvre en stimuli à un match exigeant à tout moment une réactivité extrême. Ce gap de réactivité augmente, par les troubles d’équilibre postural qu’elle induit, le risque de blessures, notamment des entorses et les chutes.
En conséquence, il s’agit, après une blessure, de réexposer neuromusculairement graduellement le joueur pour qu’il retrouve sa réactivité neurologique par un travail postural dynamique avant son retour à la compétition [1], [2]. Ce besoin d’activation neuromusculaire postural est encore plus marqué lorsqu’un retour se fait sur terrain synthétique, sachant que ces surfaces artificielles présentent une uniformité proprioceptive trompeuse, des appuis plus « secs donc glissants » et des renvois réactifs du sol plus abruptes.
Pour combler ce gap de réactivité et ainsi sécuriser un retour sur terrain en herbe ou synthétique par réactivité posturale, un protocole de réathlétisation doit intégrer des exercices spécifiques contenant:
- des progressions proprioceptives de statiques à dynamiques puis imprévisibles
- des tâches réactives visuelles et proprioceptives,
- des exercices d’équilibration qui mobilisent les chaînes posturales postérieure, antérieure, latérale et spirale.
En synthèse
Si le match reste la forme d’intensité la plus élevée et la plus imprévisible du football, il ne peut être le seul terrain d’apprentissage de la réactivité. La préparation physique footballistique doit systématiquement préparer au préalable le joueur aux sollicitations sensori-motrices du jeu pour éviter toute surprise se traduisant par des déséquilibres biomécaniques potentiellement blessant.
Cette nécessité devient fondamentale lors d’un retour de blessure. La diminution des sollicitations réactives de repos crée un décalage dangereux entre la capacité réelle du joueur et les exigences du match. Ce gap de réactivité, amplifié par les terrains synthétiques, doit être réduit par un travail rigoureux de proprioception, d’équilibre permettant d’obtenir le niveau de réactivité nécessaire aux enchaînements des appuis. Ceci avant les matchs afin d’éviter des reprises chahutées.
Bibliographie
[1] H. Cambefort-Potencier, La qualité de prévention de facteurs de risque de récidive : protocole d’équilibre et proprioception, Mémoire Master 2 Université de Lille, Kinedoc. 2023. Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP). Réflexions Sport –
Dossier sur la préparation neuromusculaire et l’échauffement. INSEP Publications. 2017.
[2] B.-A. Carjan, B. Dupier, M. Donabédian, Travail proprioceptif et prévention des entorses en football : synthèse méthodologique et revue de littérature (Mémoire). Institut de formation en masso-kinésithérapie. 2020.
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