Se déplacer vite, c'est se déplacer plus longtemps
- xavierblanc

- 11 nov. 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 sept.

Selon une approche systémique, nos qualités physiques sont interdépendantes et interagissent par influences mutuelles. Dans cette perspective, l'ADN de la préparation physique est de créer une dynamique positive de sollicitation, de stimulation et d'adaptation de nos qualités physiques afin que l'on soit tout à la fois, ou en particulier selon les sports, plus vite, plus fort, plus longtemps. Cette logique d'intervention implique de traquer les interférences entre les entraînements des qualités de force, de vitesse et d'endurance. Ceci afin d'éviter des stimuli d'entraînement qui péjoreraient l'une ou l'autre des qualités physiques lors de leurs entraînements.

Cette problématique se pose avec insistance dans le football parce qu'il doit notamment concilier les qualités supposées opposées que sont notamment la vitesse et l'endurance. En effet, à première vue, la vitesse et l'endurance semblent s'opposer par le fait que plus un joueur va vite, moins il est capable de maintenir longtemps cette vitesse, qu’elle soit continue ou intermittente. Ce truisme ne se vérifie pas nécessairement dans le football.
Dans mon concept d'entraînement physique footballistique, l'entraînement de l'endurance est le moyen de mieux réitérer la répétition de la vitesse footballistique en augmentant les facultés de récupération des joueurs. Cette progression passe métaboliquement pour son volet capacité aérobique par des entraînements intégrés par des jeux de conservation et pour le volet puissance aérobique par des jeux réduits type 4x4 ou plus spécifiquement par de l'intermittent RSA. Elle passe aussi techniquement par le MIEUX COURIR, c'est-à-dire par l'augmentation du rendement énergétique de déplacement des joueurs. Ce MIEUX COURIR s'entraîne par l'optimisation technique de la vitesse footballistique. Cette optimisation est rendue nécessaire parce que ;
MIEUX COURIR, c'est être efficient, c'est-à-dire utiliser moins d'énergie pour atteindre, maintenir et répéter sa vitesse maximale footballistique.
MIEUX COURIR, c'est aussi avoir un niveau de vitesse maximale supérieure, ce qui signifie dépenser moins d'énergie lorsqu'on se déplace à une vitesse inférieure.
MIEUX COURIR limite la casse de nos globules rouges, ou hémolyse, sachant que chaque appui est une secousse corporelle qui les détruit. Dans cette perspective, plus les appuis sont fluides, sans chocs et sans freins qui bloquent, plus la capacité d'oxygénation, et donc le niveau de la VMO2max, est préservée [1].
MIEUX COURIR demande moins d'amortissements musculaires, notamment de la part des lombaires, ce qui signifie moins d'énergie mobilisée pour récupérer des efforts consentis et des tensions qui y sont inhérentes.
Tout cela explique probablement le constat issu de l'entraînement par intermittent RSA. Plus la vitesse maximale est élevée, plus il est possible de maintenir longtemps la réitération de cette vitesse, ou en d'autres termes, d'avoir une pente de décrémentation de cette vitesse plus faible [2].
Si je vous ai convaincu que l'optimisation technique de la vitesse maximale footballistique est un thème d'entraînement à part entière pour améliorer et maintenir métaboliquement sa réitération, elle est toutefois soumise à quelques conditions pour qu’elle soit bénéfique pour la réitération des accélérations maximales.
Tout d'abord, elle demande des prérequis nécessaires et cumulatifs que sont des angulations articulo-musculaires et des déséquilibres musculaires qui ne limitent pas les mouvements. Dans le cas contraire, il devient très difficile pour le joueur de corriger sa technique de course, même s'il le souhaite. Dans cet esprit, l'entraînement intramusculaire de la montée de la puissance musculaire accentue la raideur musculaire et donc renforce les déséquilibres musculaires. Il est donc à éviter. Ensuite, toute amélioration de la vitesse footballistique nécessite une mise à niveau des facultés de récupération des joueurs. Sinon, le risque est d'avoir des joueurs « pschitt », c'est-à-dire capables d'atteindre une grande vitesse, mais incapables de la répéter. Le PPF doit alors veiller à maintenir un équilibre optimal de progression entre les développements qualitatif et quantitatif de la vitesse footballistique.
[1] Jack H. Wilmore, David L Costill, Larry Kenney, Physiologie du sport et de l'exercice, Editions de Boeck Supérieur, 2017. p. 175.
[2] D. Bishop, O. Girard, A. Mendez-Villanueva, Repeated-Sprint Ability – Part I, Factors Contributing to Fatigue, Sports Med 2011; 41 (8): 673-694.
D. Bishop, O. Girard, A. Mendez-Villanueva. Repeated Sprint Ability- Part II. Recommendations for Training. Sports Med 2011; 41 (9) p. 741-752





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