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Des RSA de 20 mètres permettent de tenir des 50 mètres à pleine vitesse

  • Photo du rédacteur: xavierblanc
    xavierblanc
  • 14 août
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 sept.


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Dans le football d’aujourd’hui, les joueurs parcourent des distances cumulées proches de 400 mètres à vitesse maximale par match, segmentées en multiples accélérations d’environ 20 mètres [1]. Parallèlement, l’évolution tactique vers un jeu de possession dynamique, combiné à des pressings hautement intensifs et des contre-pressings rapides, ainsi que le resserrement des lignes des blocs équipes offrent des espaces libres d’une cinquantaine de mètres derrière ou devant les défenses [2].


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La capacité à exploiter ou à défendre correctement ces espaces, dans un contexte d’une intermittence footballistique de plus en plus saccadée, exige des joueurs qu’ils détiennent des compétences « d’endurance-vitesse ». En effet, le principe de spécificité, bien établi dans la littérature sur la préparation physique [3], stipule que pour optimiser la performance, l’entraînement doit reproduire les caractéristiques biomécaniques, métaboliques et neurophysiologiques des efforts réalisés en match. Ainsi, l’entraînement physique footballistique devrait idéalement inclure des déplacements à pleine vitesse sur des distances de 50m pour être en mesure d'exploiter tous les espaces de jeu d'un match.


Or, la réalisation répétée de ce type de déplacements peut augmenter le risque de blessures musculaires et solliciter excessivement les systèmes énergétiques, limitant la qualité et la quantité des séances [4]. Pa ailleurs, on pourrait penser, pour des questions d’opportunité, que ce type d’entraînement n’est pas nécessaire puisque cela concerne 2 à 3 actions par match. Le problème, c’est que ces actions sont le plus souvent décisives, ce qui implique que les préparateurs physiques footballistiques (PPF) doivent s’en préoccuper.

 

Leur chance, c’est que contrairement à ce que demande le principe de spécificité, il semble qu’il ne soit pas nécessaire d’entraîner l’endurance-vitesse des joueurs par des distances de 50m puisque de l’intermittent Repeat Sprint Ability (RSA) de 20m suffirait. C’est ce que cet écrit cherche à éclairer.

 

Des RSA de 20 mètres suffisent pour tenir des 50 mètres à pleine vitesse

L’endurance de la vitesse maximale correspond à « la capacité à maintenir sa vitesse de pointe sur une durée ou une distance prolongée, malgré la fatigue neuromusculaire et métabolique induite » [5]. Elle se construit principalement par deux leviers complémentaires que sont :

 

- des réitérations d’accélérations courtes (15 à 25 m) à intensité maximale avec récupération incomplète, soit plus ou moins 1mn, ce qui sollicite fortement le système nerveux et les filières énergétiques anaérobiques reproduisant le stress de match tout en permettant de répéter un grand nombre de courses de qualité [6].


- une exposition progressive, mais ponctuelle, aux distances plus longues (30m, 40 à 50 m) permettant de transférer les adaptations acquises sur les 20 m vers les situations de match où il faut maintenir la vitesse au-delà de la phase d’accélération [7].


Si on exclut de nos interventions, des entraînements d’endurance-vitesse longue distance pour des questions de coûts-bénéfices, il nous reste à utiliser les séances de RSA de 20m, à l’exemple du protocole de Vitruve-Football, car ce type de séance permet  :


- d’atteindre précocement sa vitesse maximale en apprenant à minimiser le temps d’atteinte de la vitesse maximale. Ces efforts exposent le joueur au régime de vitesse qu’il devra maintenir entre 20 et 50 m [8]. Cela signifie que la capacité à maintenir la vitesse maximale sur 50 mètres dépend de la résistance neuromusculaire et métabolique mais aussi de la qualité des accélérations


-  des adaptations métaboliques et neuromusculaires sachant que les efforts de 20 mètres sollicitent principalement la filière énergétique anaérobie alactique, responsable de fournir une énergie rapide et sans production significative de lactates [9]. La répétition de ces efforts avec récupération incomplète provoque une adaptation qui améliore la capacité de récupération de cette filière et augmente la tolérance à la fatigue neuromusculaire [10]. Ces adaptations permettent aux joueurs de maintenir leur vitesse maximale sur des distances plus longues, comme des 50 mètres.


- d’obtenir des charges d’entraînement efficiente. En effet, en fractionnant les efforts longs en répétitions de 20 mètres, on maximise la qualité de chaque déplacement tout en contrôlant la fatigue globale et le risque de blessure [4]. Ce protocole favorise un volume plus important d’efforts à haute intensité, ce qui est un levier d’amélioration de la vitesse et de l’endurance-vitesse sur des distances intermédiaires (entre 20m et 40m) à longues (plus de 40m).

 

-  d’optimiser la fluidité gestuelle par le renforcement de la coordination intermusculaire et la raideur musculotendineuse, permettant de conserver l’efficacité de foulée sur des distances plus longues [5].

 

Conclusion

Les propos de cet écrit confirment que des RSA d’accélérations maximales sur 20 mètres sont efficaces pour développer une endurance-vitesse suffisante pour produire les 3 ou 4 actions de match de 50 mètres en vitesse maximale footballistique.

 

Cette approche s’arrange avec la nécessité de respecter le principe de spécificité et les impératifs de gestion de la charge d’entraînement ainsi que de la prévention des blessures. Dans cette logique, des séances de RSA de 20m représentent une stratégie de l’entraînement physique footballistique performante parce que cumulativement efficiente, efficace et pertinente pour répondre aux exigences du football d’aujourd’hui.

 

[1] A., Dellal, et al. Les exigences physiques du football moderne. Revue Française de Football, 323, 52-57. 2010.

[2] N., Gillet, D., Leroy, C., Colombel, Analyse tactique et physique du football moderne. Revue STAPS, 110(1), 45-60. 2015.

[3] T., Bompa, La périodisation de l'entraînement sportif. Vigot, Paris, 1999 et G., Baquet, S., Berthoin, G., Dupont, C., Fabre, La préparation physique du footballeur. Paris : De Boeck Supérieur.2004.

[4] M., Germain, F., Le Gall, S., Dorel, Gestion de la charge d’entraînement et prévention des blessures dans le football. Science & Motricité, 71, 27-33. 2010.

[5] A., Ross, M., Leveritt, S.,Riek, Neural influences on sprint running: Training adaptations and acute responses. Sports Medicine, 31(6), 409-425. 200 et G. P., Paradisis, et C. B. Cooke,  The effects of sprint running training on sloping surfaces. Journal of Strength and Conditioning Research, 20(4), 767-777. 2006.

[6] D., Bishop, O., Girard, A. Mendez-Villanueva, Repeated-sprint ability — part II. Sports Medicine, 41(9), 741-756. 2011.

[7] T., Haugen, F., Breitschädel, S., Seiler, Sprint mechanical variables in elite athletes: Are force-velocity profiles sport specific or individual? PLoS ONE, 14(7), e0215551. 2019.

[8] J.-B., Morin, et al. Analyse biomécanique du sprint. Sciences et Motricité, 80, 33-43. 2012.

[9] G. C., Gaitanos, et al. Métabolisme musculaire lors d’efforts intermittents. Journal de Physiologie, 92(5), 437-442. 1993.

[10] M., Buchheit, S., Racinais, Endurance et répétition de sprints dans le football. Revue de Médecine du Sport, 23(3), 154-160. 2010.

 

 
 
 

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