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La technique décontracte la production de la vitesse footballistique, ce qui la rend maximale

  • Photo du rédacteur: xavierblanc
    xavierblanc
  • 12 oct.
  • 7 min de lecture
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La vitesse footballistique constitue un critère de différenciation performatif majeur entre les joueurs. Sa production repose sur des facteurs musculaires tels que les proportions des types de fibres musculaires, le niveau de la montée de la puissance musculaire, la capacité et la puissance de la filière anaérobie alactique et neuromusculaires comme la coordination, la synchronisation ainsi que l’économie du mouvement [1].



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Résumé audio de NotebookLM

En tant préparateur physique footballistique (PPF), je maximise, par une approche coordinative, cette production de la vitesse footballistique en l’appréhendant par le principe contre-intuitif de Jacques Piasenta « pour contracter mieux, il faut être décontracté » [2]. Dans ce cadre, ce post examine la relation entre technique et décontraction en partant du postulat que la première détermine en grande partie la seconde lors de la production de la gestuelle footballistique.


Une bonne technique créée de la décontraction

En l’absence de maîtrise des fondamentaux techniques, le joueur compense par des tensions musculaires excessives par la co-activation des antagonistes ou rigidité articulaire, utilisées pour « sécuriser » un geste incertain. Ces tensions, invisibles mais réelles, augmentent la dépense énergétique, la fatigue et la lenteur des transitions [1]. Avant qu’une action rapide ne soit produite, ces tensions doivent être canalisées, organisées, relâchées ou activées de façon pertinente. Ce processus de « nettoyage » moteur retarde l’initialisation du mouvement et en diminue l’amplitude et par là la vitesse maximale. Le mouvement s’exécute alors dans un état de crispation, altérant la fluidité, ralentissant la transmission des forces et diminuant la vitesse de contraction musculaire [3]

 

Dans ce contexte, la décontraction se définit comme « l’absence de tensions inutiles, la souplesse musculaire et la relaxation neuromusculaire », tandis que la technique désigne « l’ensemble des habiletés motrices spécifiques, soit la posture, la trajectoire des segments corporels, la coordination intersegmentaire et le timing, permettant au geste d’être optimal face aux contraintes internes et externes ». La décontraction correspond donc à un état relatif de relaxation physiologique et neuromusculaire, évitant les pré-activations ou les tensions superflues, garantissant un déroulement naturel du mouvement. À l’inverse, la contraction, qui s’assimile ici à la crispation, résulte d’une tension musculaire excessive et persistante qu’elle soit volontaire ou réflexe, liée à une co-contraction et/ou une irradiation musculaires, une rigidité articulaire ou segmentaire, souvent associée à de l’incertitude technique, à la peur de mal faire ou encore au fait que le joueur veut, mais ne peut pas.


La maîtrise technique permet au système nerveux central d’anticiper techniquement les contraintes en termes de positions, de forces et d’inerties, réduisant ainsi les contractions inutiles et les stabilisations excessives [3]. Cette justesse technique favorise l’automatisation des gestes, diminue la charge cognitive et l’anxiété motrice, deux facteurs exacerbant les tensions non productives. Sur le plan réflexe, une technique correcte optimise les ajustements proprioceptifs et posturaux, minimisant les « bruits » moteurs coûteux en temps et en énergie. Bien que la recherche sur le fonctionnement relationnel de la triade technique-décontraction-vitesse soit encore en développement, des données empiriques confirment que les joueurs de haut niveau développent des capacités de myorelaxation supérieures qui se traduisent par une exécution technique plus fluide [4].


Apprentissage technique, remodelage postural et harmonisation biomécanique

L’apprentissage technique joue un rôle fondamental dans le remodelage postural et la correction des déséquilibres musculaires. En affinant la précision du geste et l’alignement biomécanique, le corps réactive progressivement les chaînes musculaires impliquées dans la production du mouvement. Ce processus, à la fois moteur et neurophysiologique, permet au système nerveux central de réorganiser le synergisme musculaire, restaurant la fonction de chaque segment corporel dans le schéma global d’action. Le travail technique ne se limite donc pas à un apprentissage mécanique. Il reprogramme fonctionnellement la posture du joueur, réengage les muscles posturaux profonds, réduit les compensations motrices et tend vers une harmonie structurelle et dynamique. Le résultat est un système corporel équilibré, où les forces internes se répartissent biotenségritalement de manière optimale, favorisant une conduite motrice fluide et précise, sans gaspillage énergétique. Ainsi une exécution technique juste supprime petit à petit les déséquilibres et les tensions inappropriées, que l’on prend trop souvent comme des sources de la vitesse footballistique.

 

En réalité, ces tensions génèrent une « vitesse parasite », issue de crispations plutôt que de contractions efficaces. Une exécution techniquement correcte active uniquement les groupes musculaires nécessaires, conduisant à une décontraction fonctionnelle préalable à toute contraction rapide. Cette approche s’oppose à l’utilisation de machines d’entraînement, qui imposent de façon standardisée des trajectoires de mouvement ou de résistances fixes, risquant d’ancrer les compensations et de renforcer les déséquilibres en stimulant des groupes de muscles sans rapport avec la production de la vitesse footballistique. La technique agit donc comme un outil correctif dynamique, reconstruisant la symétrie et l’efficacité du mouvement dans et par l’action même.

 

3 principes technico-physiques fondamentaux de la gestuelle footballistique

La capacité physique à se projeter dans les espaces souhaités constitue un enjeu central de la performance footballistique. Cette projection ne relève pas uniquement de la montée de la puissance musculaire, mais repose sur une gestuelle technique optimisée, permettant d’aligner, d’amplifier et de varier les forces générées en fonction des contraintes du jeu. Ces principes, lorsqu’ils sont maîtrisés techniquement, permettent au joueur de maximiser la transmission des forces, de minimiser les pertes d’énergie et d’adapter ses déplacements aux exigences tactiques et spatiales du match.


L’alignement segmentaire représente le socle biomécanique sur lequel s’appuie toute accélération performante. Du point de vue du physique footballistique, le corps humain fonctionne comme un système de leviers articulés, où chaque segment, pied, cheville, genou, hanche, tronc, doit être positionné de manière à favoriser une transmission optimale des forces. Un alignement vertical corporel rigoureux est indispensable pour éviter les fuites d’énergie, les tensions compensatoires et permettre un pointage de genoux vers l’avant. Ainsi, lors d’une accélération linéaire, le pied d’appui doit être orienté dans la direction de la projection, la cheville stabilisée pour absorber et restituer l’énergie, le genou aligné avec la hanche ce qui implique une chaîne postérieure alignée biotensègrement soit suffisamment flexible pour exercer en force et en réactivité ses fonctions d’équilibriation posturale.


Toute rupture cinétique de cette chaîne, tel qu’un bassin en rétroversion ou un genou en valgus, altère la capacité à projeter le corps et augmente le risque de blessure. Par exemple, un joueur dont le pied est mal orienté lors de la phase d’appui verra une partie de la force générée par ses extenseurs de hanche se dissiper en mouvements latéraux ou rotatoires, réduisant d’autant l’efficacité de sa projection. De même, un déséquilibre postural, comme une asymétrie de bassin, peut entraîner une sursollicitation de certains groupes musculaires, limitant la fluidité et la montée de la puissance du geste. L’alignement ne se limite pas à une simple question de posture statique, il s’agit d’un équilibre dynamique, où chaque articulation doit s’adapter en temps réel aux variations de vitesse et de direction. La coordination intersegmentaire, c’est-à-dire « la synchronisation des mouvements entre les différents segments corporels », est donc essentielle pour maintenir cette cohérence biomécanique tout au long de l’effort.


L’amplification corporelle constitue le deuxième principe clé d’une gestuelle footballistique projective performante. Elle repose sur l’exploitation optimale des propriétés élastiques des muscles et des tendons, ainsi que sur une séquence d’activation proximo-distale. Le cycle étirement-raccourcissement (SSE) joue ici un rôle central. Lors de la phase excentrique (freinage), les muscles et tendons stockent de l’énergie élastique, qui est ensuite restituée lors de la phase concentrique (projection). Ce mécanisme, particulièrement efficace dans les muscles polyarticulaires comme les mollets ou les ischio-jambiers, permet d’augmenter significativement la montée de la puissance musculaire. Pour maximiser ce phénomène, le joueur doit minimiser le temps de contact au sol et synchroniser l’activation des différents groupes musculaires.


La séquence proximo-distale, qui voit la force se propager des segments proximaux (hanche, tronc) vers les segments distaux (pied), est également déterminante. Une extension puissante de la hanche initie le mouvement, suivie par celle du genou, puis par la poussée de la cheville. Les angles articulaires optimaux, soit une cheville à 90°-110°, un genou fléchi à 90-100° lors de l’attaque du sol, et une hanche en extension complète en fin de projection, garantissent une transmission maximale de la force vers l’avant. Mais attention, pour éviter toute «  forcite », cette amplification doit s’inscrire dans la tenue posturale du joueur et suivre les genoux qui pointent vers l’avant. 


Enfin, la capacité de variation est indispensable pour s’adapter aux contraintes spatiales et tactiques du football. Le footballeur doit constamment moduler ses appuis, ses trajectoires et son amplitude de mouvement en fonction des actions de jeu. Cette adaptabilité repose sur une maîtrise fine des transitions entre accélération, décélération, changement de direction et pivot. La modulation des appuis, qui consiste à ajuster la longueur et l’orientation des pas, permet de tromper l’adversaire et d’exploiter les espaces libres. Par exemple, un joueur effectuant un dribble doit être capable de passer d’un appui long (pour une accélération linéaire) à un appui court et latéral (pour un changement de direction). La gestion des transitions, notamment entre les phases de freinage et de réaccélération, exige une coordination neuromusculaire avancée. Lors d’un crochet, le joueur doit d’abord décélérer en absorbant l’énergie avec la jambe extérieure, puis pivoter sur l’appui intérieur tout en gardant le regard sur l’espace à investir, avant de réaccélérer en projetant la hanche dans la nouvelle direction. Les bras jouent également un rôle crucial dans ces transitions, en contrebalançant latéralement et dynamiquement les mouvements du bas du corps et en facilitant les rotations du tronc. Une anticipation posturale adéquate, où le buste et les bras préparent la réorientation des membres inférieurs, est essentielle pour maintenir la fluidité et l’efficacité du geste.


En synthèse conclusive, une technique maîtrisée supprime les tensions inutiles, favorise la décontraction fonctionnelle, ce qui permet une projection dynamique et précise dans les espaces souhaités. Ainsi, la vitesse footballistique ne se réduit pas à une simple capacité physique, mais émerge d’une « intelligence motrice », où la gestuelle devient le vecteur d’une performance à la fois puissante, économique et adaptative. Cette approche technico-physique des déplacements footballistiques souligne l’importance d’un entraînement technique centré sur la posturologie, la proprioception et la variabilité des mouvements, afin de préparer les joueurs à répondre performativement aux défis complexes et dynamiques du match.


[1] M., Buchheit, A., Méndez-Villanueva, G., Delhomel, M., Brughelli, & Ahmaidi, S. Improving repeated sprint ability in young elite soccer players: Repeated shuttle sprints vs. explosive strength training. Journal of Strength and Conditioning Research, 24(10), 2715–2722. 2010.

[2] Jacques Piasenta, L’éducation athlétique, Editions Insep, 1988,

[3] J. J., Temprado, G., Montagne, Apprentissage moteur et contrôle du mouvement. Éditions Revue EPS. 2010.

[4] S., Ducheyne, et al. Biomécanique et performance sportive. De Boeck Supérieur. 2019.

 
 
 

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