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La forme physique est une des principales causes des blessures footballistiques !

  • Photo du rédacteur: xavierblanc
    xavierblanc
  • 11 sept. 2024
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 mai

Cette affirmation découle de ma pratique. Elle suggère, de manière contre-intuitive, que les joueurs se blessent plus facilement lorsqu’ils sont en forme physique. Pour discuter cette affirmation causale, je commence par définir ce que j'entends par « forme physique footballistique », puis j'en identifie les effets pervers qui conduisent aux blessures. En tant que préparateur physique footballistique (PPF), mon rôle est de rendre et de maintenir les joueurs dans la meilleure forme physique possible. Ces réflexions doivent donc me conduire à proposer des solutions préventives pour limiter les blessures dues à une montée de forme physique.


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Résumé audio de NotebookLM

La forme physique footballistique

Si, pour la population générale, être en forme physique consiste à monter rapidement trois étages sans peine et essoufflement excessif, je définis la forme physique footballistique comme « l’absence de tensions corporelles qui limitent quantitativement et qualitativement la production motrice des déplacements ». En d'autres termes, cela signifie jouer sans douleurs. Selon cette approche, il est très rare qu’un joueur soit en forme physique optimale, généralement pour deux raisons principales, bien que d’autres facteurs explicatifs puissent être évoqués en fonction de la singularité de chaque joueur.


Premièrement, il est largement admis que chaque sport marque les corps. Au point qu'il est facile de distinguer un cycliste, un skieur, un nageur ou un grimpeur d’un simple coup d'œil. Dans le cas du football, il est important de comprendre, et pour certains d’accepter, que ce sport modifie la posture des joueurs en provoquant une projection vers l'avant-bas de la ceinture scapulaire. Cette déformation posturale les rend concaves dans le plan sagittal, ce qui réduit leur mobilité et la qualité de leur motricité par étriquement corporel.


Cet étriquement implique que chaque mouvement génère des tensions musculaires. Sans étirements compensatoires harmonisant, ces tensions finissent par modeler le joueur en créant des déséquilibres musculaires permanents. Ces déséquilibres bloquent ou limitent la libération de l’énergie mécanique dans le mouvement footballistique désiré, en désorganisant ou en détériorant la coordination musculaire. Cela se traduit par des joueurs plus brouillons, maladroits et précipités de ce qu’ils pourraient être avec une posture plus saine.


Ce processus d’étriquement ne se répartit pas uniformément dans le corps. Comme le mouvement renforce les muscles qui le produisent, les muscles les plus sollicités finissent par prendre en charge en quasi-totalité les flexions et les extensions corporelles. À tel point qu’ils inhibent les muscles impliqués dans le mouvement, mais moins sollicités, ce qui les atrophie progressivement. Ce phénomène est exacerbé par un des rôles fondamentaux de notre cerveau : minimiser la dépense énergétique pour assurer notre survie. Le cerveau favorise ainsi l’utilisation des muscles les plus forts, laissant sommeiller les autres, ce qui les rend, par cercle vicieux, de moins en moins fonctionnels.


Deuxièmement, si j’affirme que le niveau physique footballistique est à ce jour encore faible, je reconnais que c’est l’un des sports les plus énergivores qui soit. La juxtaposition des compétitions (championnat, coupe, tournoi, compétition internationale, matchs amicaux marketing…), la durée des matchs, les changements perpétuels de surface de jeu, les enjeux stressants et la nature confrontante de ce sport sont autant d’éléments qui usent les joueurs par fatigue acidifiante qui enflamme leurs corps et par là les sur-sensibilise à la douleur.


Malgré l’intensification des mesures de récupération dans les clubs, cette fatigue s’accumule inexorablement jour après jour. Elle place le joueur dans une situation de burn-in, soit un lent épuisement par surutilisation de ses ressources vitales que l’on peut évaluer par ses niveaux de stress oxydatif et hormonal. Cette fatigue profonde raidit les corps, favorisant ainsi le processus d’étriquement corporel que j’ai décrit précédemment.


Les dangers de la forme physique

Étant donné le niveau général physique dans le football, il est relativement simple d'améliorer la condition physique des joueurs par développement cohérent de leur vitesse, leur force ainsi que leur endurance. Toutefois, il est bien plus difficile d'atteindre un niveau de forme physique véritablement performant, c'est-à-dire qui produit en équilibre une gestuelle footballistique efficiente, efficace et pertinente.


Pour y parvenir, il est essentiel que les corps des joueurs soient capables d'accueillir et d'absorber les stimuli d'entraînement sans générer de tensions supplémentaires. Cette condition est remplie lorsque les joueurs présentent une bonne harmonisation corporelle. En d’autres termes, leur niveau de biotenségrité est suffisamment élevé pour qu'ils répartissent de manière équilibrée les tensions de contraction et d'étirement propres à chaque mouvement, tout en ayant la plasticité nécessaire pour revenir à un état d'harmonie satisfaisant après chaque action.


Cependant, un tel niveau d'harmonisation corporelle est très rare dans le football. Par conséquent, toute amélioration physique est susceptible de créer des tensions supplémentaires, augmentant ainsi le risque de blessures. Les muscles déjà activés le deviennent encore plus, tandis que ceux qui sont moins sollicités restent faiblement actifs. Le corps réagit à ces désynchronisations de plus en plus grandes dans le recrutement et les vitesses de contraction musculaire, soit in fine par des coordinations intermusculaire et intramusculaire de plus en plus péjorées, par des blessures.


Dans une perspective inverse, la méforme masque ces antagonismes musculaires potentiels. Les muscles étant peu sollicités à cause de fatigue excessive ou de sous-entraînements, ils ne sont pas confrontés à la blessure. Cette logique peut même inciter, le plus souvent de manière inconsciente, certains PPFs à entraîner la méforme des joueurs ou les sous-entraîner. Selon cette argumentation, si l’absence de blessure est un gage de la qualité d’un entraînement physique footballistique, elle peut aussi en cacher la vacuité.


Mes solutions

Je rejette d'emblée les idées d'entraîner la méforme ou de sous-entraîner des joueurs, non seulement pour des raisons déontologiques, voire de fierté mal ou bien placée, mais aussi parce que cette approche engendre un nivellement par le bas des capacités physiques des joueurs, créant un cercle vicieux de déclin.


Je priorise de plus en plus dans ma pratique la recherche d'harmonisation corporelle. Elle est même le cœur de mon extraction de la vitesse maximale footballistique. Cette recherche repose sur les principes de l'entraînement fonctionnel, avec un accent particulier sur la mobilité. Malgré cette dominante d’entraînement, je constate souvent que mes interventions engendrent des surtensions et des inflammations. Non pas parce qu’elles sont de mauvaise qualité, ce qui est bien entendu toujours possible puisque personne n’est infaillible, mais parce qu'elles améliorent localement la forme physique des joueurs de manière excessive ou trop spécifique selon le principe « que le mieux est l'ennemi du bien».


Alors qu'auparavant, il m’arrivait de m'abstenir d'envoyer un joueur faire un bilan postural s'il me semblait équilibré, aujourd'hui, je le fais systématiquement en début de collaboration d'entraînement. Cette démarche permet d’identifier les causes des problématiques posturales des joueurs, mais aussi de prévenir l'apparition imprévisible de surtensions musculaires lorsque tous les indicateurs de forme sont positifs. Ces bilans posturaux sont essentiels pour comprendre les déséquilibres corporels et les corriger selon une approche systémique. L'objectif est que les forces et les faiblesses corporelles locales se développent en interactions positives, c’est-à-dire qu’elles contribuent à un corps globalement performant.


Selon le principe « le joueur veut, mais qu'il ne peut pas toujours », chaque mouvement devient une opportunité d'évaluer techniquement la fonctionnalité d’un corps. J’identifie ainsi les blocages qui entravent l'expression de l'énergie mécanique pour les résoudre directement par corrections techniques lors des exercices de ma phase d’optimisation de la vitesse maximale footballistique. Lorsque je n'arrive pas à débloquer le joueur par cette optimisation technique, je mets en place des mesures correctrices appropriées par des séances spécifiques, notamment celles de Stretching Global Actif.


Pour que les joueurs récupèrent mieux et plus rapidement, je propose une gestion des charges modulée par le principe de surcompensation modérée constante. Par ce principe, l’idée est que le joueur soit alacrite, c’est-à-dire ici au bénéfice d’une réserve énergétique permettant d’une part de récupérer dans les temps pour effectuer les prochains entraînements et matchs de haute qualité et, d’autre part, de prévenir l’apparition d’une fatigue chronique. Je mets également l'accent sur le maintien de cette alacrité en incitant, selon mon approche holistique de la préparation physique footballistique, les joueurs à soigner bien évidemment leur bien-être physique, mais aussi social et affectif. Un joueur émotionnellement serein et stable est moins susceptible de se crisper ou de réagir de manière excessive aux aléas du jeu, ce qui le surtend.


Je porte une attention particulière à la phrase « je me sens en forme ». Cette phrase est souvent libératrice, car elle valide l'atteinte d'un objectif, ce qui incite à baisser la garde et donc à en faire moins. Cependant, cette déclaration, qui rassure et conforte, doit être interprétée comme un signal fort d'alerte à en faire finement plus.


Dans ce cadre, le véritable danger survient lorsque le joueur, ne ressentant plus de tensions douloureuses, pousse son corps au-delà de ses limites puisque la douleur n’est plus présente pour lui indiquer qu’il dépasse, pour certaines parties de son corps, ses capacités. Ce dépassement physique peut entraîner des surtensions corporelles si intenses que le corps "coince ou refuse l’obstacle" par la blessure. En d’autres termes, il préserve son intégrité en stoppant l’activité par son moyen de communication et/ou de protestation qui est la blessure. 


La tâche du PPF est alors de faire comprendre au joueur qu’une bonne forme n'est pas la fin du processus de préparation physique footballistique, mais plutôt le début d'une nouvelle phase de progression. La forme physique n'est alors plus un but en soi, mais un moyen ou un indicateur qui informe le PPF que c’est le moment d’être encore plus cohérent, attentif et perspicace dans ses interventions.


Le tout peut se résumer, par la phrase péremptoire « un PPF, qui fait bien son travail, écoute principalement, ce qui ne s’exprime pas ».

 
 
 

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